Cette semaine, le premier texte que nous faisons paraître en réponse à l’appel à écriture d’Alain André à propos du livre de Tanguy Viel « La disparition de Jim Sullivan ». Par François Momal.
François MOMAL
On pénètre dans la pièce en foulant une moquette grise. Sur la droite trois fauteuils encadrent une table basse en bois. Ce sont des fauteuils amples de couleur uniforme, sans motif et dans lesquels on s’enfonce profondément. Le quatrième côté du carré est fermé par une télévision. Une télécommande est posée au milieu de la table basse sur un dépliant. En se penchant vers le dépliant on constate que c’est un programme mensuel de la chaine HBO.
Sur la gauche après avoir pénétré dans la pièce, on trouve un plan horizontal conséquent. Une corbeille de fruits est posée sur ce plan. Un petit mot de bienvenue trône au milieu des fruits. Un coin cuisine bien équipé prolonge le plan horizontal. Et, face à l’entrée, à environ trois mètres, un lit double. Deux tables de nuit encadrent le lit. Elles sont fixées sur une structure en bois qui s’interpose entre la tête de lit et le mur. Ce sont des tables de nuit en surplomb. Un téléphone à touches plates et carrées est posé sur la table de nuit de droite en regardant vers le lit. À côté du téléphone, un support vertical rigide et transparent repose sur une base rectangulaire. En s’approchant du téléphone on peut lire, sur la feuille insérée dans le support vertical, une liste de numéros de téléphone utiles. Il est écrit que pour appeler un numéro international on doit d’abord composer le 0 pour sortir, puis le 00, le code du pays et enfin le numéro de l’appelé. Si on poussait la curiosité jusqu’à ouvrir le tiroir de la table de nuit de droite on y trouverait un épais livre avec, inscrit en lettres d’or sur une épaisse couverture bleue, « Holly Bible ».
À gauche du lit, une porte donne sur une salle de bains. On y voit à gauche un lavabo encastré au milieu d’un plan de faux marbre en bois de couleur beige. Dans un coin de ce plan, un savon et deux petites bouteilles sont soigneusement disposés sur une soucoupe rectangulaire. Le savon est dans un étui en carton. On peut lire « Shampoo » sur l’une des petites bouteilles et « Shaving cream » sur l’autre. Un miroir occupe tout le pan de mur au-dessus du lavabo.
Une moquette grise et épaisse recouvre tout le parquet de la chambre et de la salle de bains.
Deux plaques métalliques munies d’ouvertures horizontales sont posées à même le mur, un peu en dessous du plafond, de part et d’autre de la chambre et témoignent de la présence d’un système d’air conditionné. Le thermostat est fixé au mur à droite en entrant dans la chambre. L’occupant de la chambre peut rapidement deviner la double fonction de ce système de ventilation : insuffler de l’air frais en été et de l’air chaud en hiver.
Voilà à quoi pouvait ressembler la chambre 1025 du motel texan où j’ai atterri un jour d’octobre.