Cette semaine, voici le texte de François Momal, en réponse à la proposition d’écriture à partir du livre de Bernard Schefer « La photo au-dessus du lit », à retrouver ici.
Chute ascensionnelle au cœur de la voûte
L’été, allongé la nuit sur une chaise longue, tu contemples le ciel de Provence. Le ciel est lavé de toute pollution lumineuse. Dirais-tu comme l’autre que le silence éternel de ces espaces infinis t’effraie ? Bien que plaqué sur ton transat par l’action bienveillante de la pesanteur, il te semble être sur le point d’être aspiré par la voûte céleste. Là-haut des mondes titanesques évoluent paisiblement en se foutant royalement de ta petite existence. Des nuages de poussière cosmique enfantent des étoiles et des planètes. Plus près de nous, de gigantesques langues de feu s’échappent par intermittence de la surface du Soleil. Des galaxies se déploient en majesté et l’entropie de notre univers (en clair le bordel) ne peut qu’augmenter nous apprend la Thermodynamique. Vissé sur ta chaise longue tu as envie de gueuler en paraphrasant Dutronc : « Des milliards d’étoiles et moi, et moi, et moi ! ». L’entropie ne fait que croître. Tout est irréversible. A-t-on jamais vu un morceau de sucre, dissous dans une tasse de café, se recomposer ? Tout fout le camp, à toute vitesse, dans toutes les directions. Et soudain ce vertige de basculer hors de ta chaise longue, de te faire avaler par le ciel, pour aller flotter au milieu des étoiles et de tous ces mondes qui évoluent à l’abri de tes regards. Ton œil change de focale, tu passes au grand angle, la voûte parsemée d’étoiles vient saturer ton nerf optique et ton corps chute, chute, chute vers le haut.