Cette semaine, nous publions le texte de Marie-José Duquesne, en réponse à l’appel à écriture de Françoise Khoury autour du livre d’Arnaud Rykner « La belle image ». (A retrouver ici)
Madame Autoritaire
de Marie-José DUQUESNE
Dès le cours préparatoire, mon indiscipline m’a fait remarquer et sortir des rangs. Lors de la première année d’école, déjà j’occupe le bureau individuel, devant celui de la maîtresse. Isolement mais aussi piédestal. « Gugusse » au collège, meneuse. Les années lycée se passent sous le signe de la convivialité et des projets qui aboutissent. Excepté le baccalauréat !
Je m’investis dans de nombreuses associations, les années filent.
Rencontre avec une jeune femme chef d’établissement alors que je suis présidente de l’association de parents. Choc de personnalités, de générations ? Nous arrondissons les angles et travaillons en bonne intelligence, pour le bien de la communauté. Lors d’un tête à tête agréable, elle me dit que je possède une autorité naturelle. Quel compliment ! Leader, efficace, travaille avec l’équipe, délègue, à l’écoute, respectueuse… L’autorité naturelle et la ribambelle de qualités associées me rendent joyeuse.
Je reste moi.
Ma mère meurt, je range ses papiers, ses vieilles lettres. Je lis, indiscrète, quelques lettres en diagonale. Là, il est question de moi, au cours de ma première année d’école élémentaire. On affirme à ma mère que je suis autoritaire et égoïste. Autoritaire et égoïste ! Quelle horrible vision. Je suis atterrée, abattue, déstabilisée.
Au cours d’une formation, je fais part de mon mal être à une psychothérapeute. Elle rit et me conseille d’oublier : « Juger une enfant de six ans égoïste et autoritaire ! Laissez, c’est son problème ! »
Je laisse.