Pierre Ahnne est écrivain et a créé un blog littéraire sur lequel il partage chaque semaine ses lectures. Il réalise également des retours sur les manuscrits qui lui sont confiés par Aleph-Écriture dans le cadre des lectures-diagnostics. Il partage régulièrement certains de ses articles sur L’Inventoire. Aujourd’hui «Victoria Ocampo (Éditions Vendémiaire) / Michèle Cohen : des vies d’écriture (Éditions du Panseur) ».
Voici deux ouvrages parus presque en même temps mais qui n’ont, a priori, rien en commun… Si ce n’est que tous deux parlent du rapport qu’entretiennent leurs auteures avec les textes – et disent bien d’autres choses à partir de là.
La Rédactrice, Michèle Cohen (Les Éditions du Panseur)
Les jeunes Éditions du Panseur publient le premier roman d’une débutante pleine d’expérience : née en 1950, Michèle Cohen a travaillé à France Culture, puis dans de grandes agences de publicité, comme rédactrice. De cette expérience de l’écriture pratiquée sur le mode du fragment et dans des contextes qu’on ne peut pas vraiment qualifier de littéraires, elle tire un livre en six parties divisées chacune en multiples chapitres de deux ou trois pages, où elle revit et revisite autant dire toutes les situations d’écriture possibles. On trouve des lettres, administratives ou non, des conversations, des nouvelles, de quasi-poèmes composés exclusivement d’onomatopées ou d’adjectifs… En même temps, c’est une vie qui se déploie par bribes : les dissertations du lycée, les boulots d’étudiante, comme dactylo, dans le service de presse de Raymond Barre, l’expérience de la radio (drôle et émouvante rencontre avec Levinas), le monde de la pub – avec des conseils aux rédacteurs qui pourraient aussi bien valoir pour les auteurs : « Aller à l’essentiel » ; « Pas de choses vagues » ; « Plus on dit des choses personnelles, plus on a de chances de toucher à l’universel »…