Formatrice animatrice d’ateliers d’écriture certifiée, Valérie Mello a enseigné vingt ans les lettres et le théâtre, et accompagné des lycéens dans leur parcours scolaire et créatif. Les ateliers se situent au carrefour de ses passions : écrire pour faire écrire, transmettre et accompagner. Nouvelle venue dans l’équipe Aleph, elle animera le Module 1 « Oser écrire » de l’école d’écriture Aleph (une session démarre le 16 avril, et la prochaine le 22 août 2022).
L’Inventoire : Vous avez enseigné pendant 20 ans auprès des lycéens, quand dans votre parcours avez-vous eu l’idée d’animer des ateliers d’écriture ?
Valérie Mello : L’envie est partie de l’exercice du métier. Elle a été impulsée par les jeunes gens eux-mêmes. Ils voulaient écrire et mon enseignement les y invitait. Nous avons tracé ensemble des sentiers buissonniers pour aller cueillir des écritures hors du cadre scolaire. Ces jeunes voulaient s’exprimer, raconter leurs histoires. En classe, je privilégiais les sujets dits « d’invention ».
Cette épreuve du bac est restée une sorte de parent pauvre au regard des épreuves de la dissertation et du commentaire… l’invention était mal reconnue, hybride, difficilement évaluable, elle faisait peur peut-être. Elle a été retirée des programmes scolaires en 2019. Je suis convaincue qu’elle a permis de faire germer ce désir d’écrire chez des jeunes. C’est à partir de là que mon envie de bifurquer s’est précisée.
« Le moteur c’est l’écriture et tout le monde peut vouloir écrire ».
S’agit-il d’une reconversion ou du désir d’étendre votre spectre d’activité tout en vous rapprochant de l’écriture elle-même ?
C’est une reconversion professionnelle, oui. Mais je troque volontiers ce mot pour celui plus rêveur de conversion. Je continue de chercher, d’explorer les potentialités des ateliers en milieu scolaire, mais pas seulement ! Le moteur c’est l’écriture et tout le monde peut vouloir écrire.
Est-ce un choix en relation avec l’envie de transmettre au plus près, par l’écriture elle-même, la littérature et la joie d’écrire ?
Il y a beaucoup à transmettre. Le geste pour commencer, le rituel, la répétition qui aident à vaincre les peurs. Faire éprouver aussi le sentiment de liberté et joie qu’il y a dans l’acte d’écriture. Faire expérimenter le travail de l’écriture… Pour tout cela, l’atelier est le lieu idéal.
Pour revenir à la question de la littérature, j’ai récemment fait écrire des lycéens à partir d’une pièce classique. Ils ont produit des pépites. Ces écritures les ont libérés, leur ont permis d’appréhender un texte autrement, d’en actualiser le sens. Ils en ont fait quelque chose de neuf, de vivant, ils ont aéré le texte en sorte. Ils se sont amusés vraiment.
Y a-t-il une posture différente entre votre métier d’enseignante et celle d’animatrice d’atelier d’écriture ?
Affaire de représentations. Les enjeux et le cadre sont différents en atelier. Les lycéens sont soumis à des stress-tests – évaluations, épreuves, obligation de réussir etc. La posture en surplomb de l’enseignant, supposément rassurante – parfois contestée et c’est souhaitable – reste une composante du paysage. L’atelier n’est pas comparable à une classe de lycée. L’animateur accueille et accompagne. Venir à un atelier ça se décide. Je dirais à ceux qui hésitent encore, de se lancer. Vraiment.
Qu’est-ce que la formation de formateur-animateur d’atelier d’écriture vous a permis de découvrir ?
C’est une formation approfondie du métier. On y dispense des outils. On y découvre la variété des chemins pour conduire les expériences, les envies de chacun vers des écritures singulières. Les lignes bougent aussi autour du « bien écrire », de « l’inspiration » etc. L’écriture sort de sa gangue.
Votre prochain atelier « Module 1 de la Formation générale à l’écriture littéraire » aura lieu du 16 avril au 4 juin (le suivant du 22 au 25 Août 2022 à Paris). Qu’est-ce qu’un participant peut trouver dans ce module ?
En Module 1 on arpente les territoires de l’écriture, les fameux champs de Pérec. On s’essaie au réel, aux jeux avec la langue, aux écrits sur soi, aux fictions… des personnages émergent du brouillard. Nos imaginaires s’échauffent. C’est magique. C’est engageant, complet, vivifiant, surprenant.
Qu’aimez-vous tout particulièrement dans ce module ?
Le potentiel de découverte. La surprise que peuvent réserver ces écritures. La variété des paysages traversés. Je m’imagine un rendez-vous sur un quai de gare devant un train en partance. On fait connaissance. On monte dans le train. L’aventure commence.
« Ce qui importe ce n’est pas de lire mais de relire ». J.L. Borgès
Quelles sont vos principales inspirations littéraires ? Les auteurs que vous affectionnez particulièrement ?
Je ne me défais pas des « classiques ». Je puise beaucoup de choses encore dans ces textes. J’y débusque des idées, des formes… Les réécritures m’intéressent tout particulièrement. Je me fie aussi au mot de Borges : « ce qui importe ce n’est pas de lire mais de relire ». Je suis tout autant sensible aux écritures contemporaines, aux expressions renouvelées qui disent les mondes d’aujourd’hui. Le texte de Jean D’Amérique, Soleil à coudre est par exemple l’un des derniers qui m’a transporté vraiment, par la puissance de son verbe… parmi d’autres auteurs encore.
DP
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