En réponse à la proposition d’écriture d’Arlette Mondon-Neycensas, vous nous avez envoyé votre lettre d’admiration à un écrivain que vous aimez. Voici le texte de Valérie Bouin-Fabre à Pascal Bruckner.
Mon cher déflecteur de conscience,
Comme Nietzche trouvait dans ses promenades la sève à sa réflexion, mes esseulements en bibliothèque me mirent souvent sur le chemin de plongées intimes. Mais un jour, au détour d’un rayonnage, ce fut une rencontre, ma première rencontre avec vous pareille littéralement à un coup de foudre.
Trois mots « Lune de fiel » vinrent percuter mes jeunes sens alors trop étriqués par une éducation policée. Que pouvait cacher ce titre ambigu? Que pouvait-il bien éclore d’un jaune lune et d’un verdâtre fiel mariés ici si cosmiquement?
Votre nom « Pascal Bruckner “ fut tout autant sismique; le choc de la réminiscence des Pensées de Pascal, douces à mon souvenir heurtant ce patronyme rocailleux d’outre-Rhin.
Notre première rencontre fut ainsi, questionnante et déstabilisante. Que dire de mon état au sortir de la lecture de cette trouvaille dévorée déjà par moult yeux?
Ce fut un chaos qui m’ébranla. Partirent en éclats des convictions en construction, comme autant de lames ouvrant des brèches de questionnement dans mes entrailles. Dans votre livre, l’amour, la haine, si bien imbriqués; l’érotisme et la pornographie si limitrophes… alors que mes certitudes d’adolescente esquissaient des cases sans porosité possible.
Pour m’avoir bousculée et m’avoir évité à jamais des carcans de pensées, je ne peux qu’être fidèle à chacune de vos publications, pour de petites doses de rappel d’un politiquement incorrect savoureux et interpellant !
Votre partisane.