Pratiquer l’écriture du journal tous les jours, ne serait-ce que quelques minutes est un conseil d’écriture qu’on trouve dans les journaux des plus grands écrivains. C’est un rendez-vous que l’on se fixe avec soi-même, un temps que l’on s’accorde pour écrire, comme lorsqu’on décide de participer à un atelier d’écriture.
Ne pas être cantonné dans une forme d’écriture est un des atouts du journal personnel. C’est en lisant l’entrée de la veille de ce journal que Lola Lafon commence à travailler le matin très tôt, dès son réveil. Son entrée dans la fiction se fait par ce commentaire.
« C’est en écrivant ce que je vis que je comprends ce que je vis. »
Dans son livre Quand tu écouteras cette chanson, elle évoque sa pratique de l’écriture du journal en miroir avec celle de Anne Franck. L’écriture permet de se saisir de sa vie : « Je ne sais pas ce que ça me fait d’être là. Pour le savoir, il faudrait que je me le raconte, que je l’écrive. Le présent que je n’écris pas flotte, un brouillon sans contour. C’est en écrivant ce que je vis que je comprends ce que je vis. »
Quand elle écrit, Lola Lafon tient deux journaux en plus de son journal intime. Le premier est un journal sur le plan ou sur le personnage. Pour La petite communiste qui ne souriait jamais, c’était un journal d’exploration du personnage. Ses recherches vont beaucoup plus loin que ce qui apparaitra dans le roman. Le second journal est un dialogue avec elle-même, presque analytique, pour essayer de comprendre de quoi elle parle. La forme du texte est très libre.
Tenir un journal permet aussi de rassembler du matériau, comme le dit l’écrivaine, du matériau qui servira dans les textes à venir – parfois des années plus tard…
Les journaux d’écrivains sont souvent passionnants et permettent de découvrir le processus créatif de chacun. Ce qu’on appelle en français « journal intime » se nomme en allemand Tagebuch (Tage : Jour + Buch : Livre). Le journal est composé d’une série de traces datées, c’est ce qui fait la particularité de cette pratique d’écriture. La notion d’intimité qu’on associe en France au journal pourrait éloigner certains de cette pratique et ce serait dommage. Le journal n’est donc pas seulement le lieu où coucher ses états d’âmes, il peut accompagner toutes sortes de projets, il est méta texte, texte à côté du texte.
Sur la pratique du journal, vous pouvez découvrir le travail de Philippe Lejeune, spécialiste de l’écriture autobiographique et notamment le beau livre qu’il a co-signé avec Catherine Bogaert « Un journal à soi« .
Alors, vous le commencez quand ce journal ?
Camille Berta
Camille Berta aime aller à la rencontre de différents publics pour les accompagner sur la voie de l’écriture.
Elle anime notamment des ateliers d’écriture littéraire à l’Université et des ateliers à distance dans le cadre de l’Alliance française… Sensible à l’art et à la photographie, elle aime utiliser l’image pour engager l’écriture. Toutes ses formations ici