Retrouver le mouvement du corps pour vivre la dynamique de l’écriture, tel est le propos du stage qu’animera Sylvie Neron-Bancel cet été à Hyères (Var) du lundi 15 juillet 2019 au mercredi 17 juillet 2019. Une rencontre au soleil.
L’Inventoire : Vous allez animer cet été, à Hyères, un stage « Écriture et mouvement ». L’écriture n’est-elle pas justement une mise en mouvement ?
Sylvie Neron-Bancel: Une mise en mouvement d’abord de notre cerveau – l’hémisphère droit va se connecter à notre mémoire sensorielle, notre imaginaire, l’hémisphère gauche à notre langage-, puis des mains, qui vont s’activer sur le clavier de l’ordinateur ou gratter la page rugueuse, blanche, en réalité c’est tout le corps qui est engagé dans l’écriture.
Vous animez ce stage avec une danseuse. Y aura-t-il des exercices de relaxation, de yoga, quels types de mouvements ?
Ce stage sera un petit laboratoire de trois jours énergique et enjoué. Aucun pré-requis. Juste l’envie de partager, de travailler un lexique pour pouvoir évoquer ce que l’on fait corporellement.
Chaque jour débutera par un échauffement à la fois dynamique et sensoriel.
On tentera, chacun.e à sa mesure, des actions impliquées par des verbes : être debout, marcher, s’asseoir, tourner, arriver/partir, prendre par la main… En rythme, en espace, en énergie, individuellement, à deux et collectivement. On expérimentera des qualités de mouvement, des vitesses, des états, des contrastes, on exercera notre capacité d’écoute et de ressenti du corps. On cherchera à agrandir la présence à soi.
On prendra conscience de nos espaces internes, on fera un inventaire de notre géographie personnelle.
Quelle différence faites-vous entre mouvement intérieur et extérieur ?
Les deux sont étroitement imbriqués dans l’écriture. L’extérieur vient nourrir l’intérieur et vice versa. Dans l’écriture on cherche souvent à retrouver l’émotion, ce qui vibre à l’intérieur, mais ce n’est pas toujours facile de procéder ainsi.
L’être qui écrit est souvent assis, lui suggérer de se mouvoir peut rendre l’écoute de ses voix intérieures plus facile. L’enjeu est de passer par le mouvement pour rejoindre des sensations et écrire dans cet espace intime qui touche le corps des mots.
La marche, les exercices corporels dans des lieux perméables aux vibrations du monde, plage de l’Almanach, places du Vieux Hyères , jardin de la villa Noailles (Var), vont permettre aux stagiaires de se rendre disponible à eux-mêmes, d’incarner les mots et de poursuivre un dialogue déjà commencé.
Projeter le texte par la voix fait-il partie de l’appropriation d’un espace justement ? une prise de confiance en soi et face aux autres ?
« Je lirai, et relirai, et dirai, à voix haute, ça passera par le corps, toujours, encore », écrit Marie-Hélène Lafon, dans Chantiers (éditions des Busclats).
La lecture à voix haute dans un atelier permet d’entendre sa musique, d’ajuster la tension de la phrase, de faire entendre les silences. De nombreux écrivains travaillent ou re-travaillent leurs textes en lisant à voix haute.
La lecture à voix haute dans un espace public fait vivre les mots autrement, les déploie, les affirme, les centre, fait entendre la juste présence de l’auteur à son texte, qui s’adresse à un public. La respiration, le souffle sont des exercices qui favorisent cette confiance en soi qu’il est possible et souhaitable d’acquérir lorsqu’on veut lire ses textes devant d’autres.
Que peuvent attendre les participants de ce stage ?
Les exercices corporels comme le précise Michèle Prelonge permettent de se concentrer, de redescendre dans ses pieds, de lâcher la réflexion et de porter son attention sur les perceptions. Prendre soin de son corps, cela commencera par là. En danse, on écrit avec tout son corps ou on compose sur un autre corps par des propositions qui rebondissent. On écrit des phrases; elles ont un début, un développement, une fin, une ponctuation qu’on peut reprendre répéter, qualifier, réécrire, etc.
Pour ma part dans ce stage, j’ouvrirai des chemins, j’alternerai des propositions écrites dans la fougue, la vitesse, de façon fortuite, sensible et sensuelle et d’autres écrites dans la lenteur, la concentration. Il sera question de rythme, de voix, de mouvements dans l’écriture.
Si vous aviez une image pour décrire votre façon d’animer ou encore, de la dynamique qui vous caractérise, laquelle serait-elle ?
Ce qui me caractérise : l’énergie qui m’anime pour conduire des propositions inventées à partir de lectures choisies, l’enthousiasme toujours intact pour aller à la découverte de textes de participants, la disposition à s’émerveiller, une manière de voir en quelque sorte les choses simples en apparence, autrement…
Sylvie Neron-Bancel animera également « Carnets de bord de mer » du 8 au 12 juillet. Nous l’avions interviewée l’année dernière. Découvrez l’atmosphère de ce stage ici.