Si tu ne vas pas à la littérature, la littérature ira à toi

On fustige souvent l’époque : nous lisons de moins en moins de romans, nous ne nous intéressons plus au papier, nous passons notre temps derrière les écrans, sur les réseaux sociaux ou à consulter la presse en ligne, etc. La littérature serait-elle passée de mode ou sommes-nous au début d’une nouvelle ère où la littérature doit s’adapter ? Le DHC (distributeur d’histoires courtes) de Short-Edition est sans doute une forme de réponse à ces questions.

Depuis quelques années, de nombreuses plateformes littéraires-communautaires se développent sur Internet en essayant de nous proposer de nouvelles approches de la littérature où lecteur et auteur sont plus impliqués. De nombreux concours sont organisés en ligne. Lecteurs et auteurs sont alors incités à partager leurs coups de cœurs ou écrits et l’ampleur de leur réseau peut pousser un éditeur à sélectionner leur texte pour une publication.

Après la Thaïlande, qui a été pionnière en la matière (voir notre article d’août 2013), Short-Edition a eu l’ingénieuse idée de reprendre certains des textes (contes, nouvelles, micro-nouvelles, poèmes et bandes-dessinées) publiés sur sa plateforme afin de les diffuser sous un nouveau format : un distributeur d’histoires courtes.

La démarche est originale car le DHC ne permet pas de choisir une histoire selon sa thématique (nouvelle, poème, contes) mais en fonction de sa durée : 1 minute, 3 minutes et 5 minutes.

Ce qui est en parfaite adéquation avec les lieux où s’implantent ces bornes : le Centre commercial Italie 2, la mairie de Puteaux, l’aéroport de Lyon, des gares SNCF comme celles de Brest ou Rennes, etc. Plutôt que d’attendre en téléphonant, en consultant ses mails ou les réseaux sociaux sur son portable, il devient possible de s’offrir une récréation-déconnexion : un moment de lecture sur papier.

Les histoires sont donc distribuées selon le temps que le lecteur souhaite y consacrer et aléatoirement. Le lecteur découvre des textes écrits par des auteurs de Short-Edition mais également des textes du domaine public, comme un poème de Jules Verne.

Il s’agit d’un moyen très ludique de proposer dans des lieux publics des moments de littérature accessibles à tous. Ces histoires sont gratuites pour le lecteur, c’est le lieu où est implantée la borne qui en paye la location.

Francis Ford Coppola, réalisateur de renom et créateur de la revue Zoetrope: All-Story spécialisée dans les histoires courtes, a été l’un des premiers à acquérir cette machine pour son café à San Francisco.

Certes, on reste loin de l’heure consolatrice de lecture prônée par Montesquieu, « Je n’ai jamais eu de chagrin qu’une heure de lecture n’ait dissipé », mais espérons que ce soit un premier pas vers elle.

Rêvons que cette approche ludique et grand public réveille ou développe le goût pour la littérature de lecteurs qui par la suite iront en bibliothèque ou en librairie chercher des romans.

Nathalie Hégron

 

 

 

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