En réponse à la proposition d’écriture d’Arlette Mondon-Neycensas, vous nous avez envoyé votre lettre d’admiration à un écrivain. Voici le texte de Sandrine Drappier Ferry à Thomas Vinau.
Monsieur le Poète des Broutilles,
Je me permets de vous adresser ma candidature pour le poste d’attachée de presse que vous ne recherchez pas.
Je suis, en effet, la candidate idéale pour parler de vous aux professionnels et lire vos miettes dans les librairies. Ainsi, vous pourrez continuer à écrire, juste après la pluie, en fin de saison.
Je vous ai rencontré par hasard sur le dos des mouettes dans la forêt déchirée. Vous m’avez dit « ici, ça va » et comme cela n’allait pas très bien dans ma vie à moi, que j’étais une sorte de Joseph au féminin, ni une, ni deux, j’ai enfilé mon petit linge intime du ciel et je vous ai dévoré pendant sept heures trente. Et votre personnage n’allait pas si bien que ça, mais il y avait une telle lumière dans ce livre, une telle poésie, que j’ai vu la lumière sourire et que je suis devenue une mandarine qui marche. Depuis j’enfile mon bleu de travail, je mets pieds par-dessus tête et je pars courir dans la couleur.
C’était un beau jour pour ne pas mourir, ce jour-là, à juste admirer ces petits riens avec votre regard décalé, un brin absurde. Depuis, j’ai découvert Hooper et soixante-seize clochards célestes, Gaspard et Noé. Je ne suis donc plus seule à me demander comment ne pas fuir.
Aussi, pour en revenir à nos troupeaux de girafes, j’exige le droit d’être vinauvore pour des clopinettes. Je n’ai pas besoin de sommeil et je ne prends pas de jours de congés.
Dans cette attente, je vous salue, Monsieur le militant du Minuscule.
La fêlée