Romane Biron a participé à une résidence d’auteurs au Ciel de Royan avec Alain André, et suivi l’atelier du Cercle de lecteurs de manuscrits avec Delphine Tranier-Brard. Il y a terminé son second roman : Les étoiles finiront par parler. Il paraît ce mois-ci aux Editions Parole. Romane Biron nous raconte la genèse de ce projet d’écriture.
L’Inventoire : Que vous ont apporté la résidence du Ciel de Royan et votre participation au cercle de lecteurs d’Alpeh-Écriture dans l’avancée de votre roman ?
La résidence d’écriture m’a offert une belle parenthèse en dehors du quotidien. J’y ai apprécié l’écoute, la bienveillance et les temps d’écriture (parfois, même la nuit !). Les histoires des uns et des autres m’ont habité durant tout le séjour, il fut presque triste de délaisser les textes émergents des compagnons d’écriture. Enfin, le cercle de lecteurs m’a permis d’acter et de consolider mes choix. Bref, la résidence et le cercle de lecteurs ont été pour moi une combinaison parfaite.
Que raconte votre premier roman : Le diable en pantoufles ?
Au n°18 de l’allée du Silence vivent les Clairefontaine, une famille parfaite qui, pour rien au monde, ne manquerait la messe du dimanche. Chantal est l’archétype de la dévote de compétition. Charles est un homme efficace et soigné, aux apparences trompeuses. Les filles, Marie (13 ans) et Élodie (6 ans) sont élevées de façon très pieuse, avec la Radio Chrétienne Francophone en fond sonore continu. Marie et Élodie, essaient d’échapper au cadre familial en se réfugiant dans leur monde imaginaire.
Marie se bat contre tout et tous. Pour sauver sa sœur d’une vie comme la sienne, elle devra briser le secret de l’inceste et déjouer les plans du « diable en pantoufles ».
J’ai écrit ce roman bien avant le phénomène #meetooincest et avant les révélations sur l’ampleur des agressions au sein de l’Église où le sujet a longtemps été tabou. J’ai choisi une langue légère et espiègle (comptines, jeux…) et certains personnages attachants (une grand-mère fantasque) car je crois en la force de l’imaginaire pour survivre à une si cruelle réalité.
Le choix de la première de couverture – Jésus auréolé d’une tranche de citron et cerné de homards – a surpris plus d’un lecteur. Un avant-goût de l’histoire sur l’hypocrisie d’une religion trop contrainte et sur les stratagèmes qu’utilisera l’héroïne.
Les étoiles finiront par parler est un très beau titre, à l’image de votre prose, très poétique. Quelle en est l’histoire ?
Par l’entremise d’une annonce, Jeanne, l’héroïne de mon roman, épouse Josef. Rapidement… « Je donnerai bientôt ma main à un homme aux mains brindilles, aux épaulettes posées comme deux accents circonflexes et à la pomme d’Adam saillante ». Puis Jeanne apprend à connaître Josef, et aime cet éternel fiancé au cœur droit, emmuré dans son corps. Jeanne ruse, elle joue et parle pour qu’une histoire d’amour entre eux advienne.
Comment a été déclenché en vous l’idée de ce roman ?
Étonnamment, ce sont des images, celles de la série « Tomber en amour » (« Fall in love ») du photographe russe Petr Lovigin qui m’ont donné envie d’écrire.
Dans ses photographies, le photographe célèbre l’amour à travers la valse de deux amoureux qui s’aiment les pieds sur terre et aussi dans les airs. Je me suis inspirée de ces images poétiques pour inventer des personnages de papier. Ces personnages ne m’ont plus lâché, et j’ai continué d’écrire leur histoire.
Avez-vous fait lire ce manuscrit à votre entourage avant de l’envoyer à un éditeur ?
Offrir son texte est une étape fragile quand il en est à ses premiers frémissements. Oui, je l’ai fait relire à des personnes choisies pour leur sensibilité et leur enthousiasme.
Comment avez-vous trouvé votre éditeur ?
Tout a commencé par un cadeau : un roman de la collection « main de femme » des éditions Parole (« Sept jours en face » d’Anne Lecourt). Dès que je l’ai eu dans les mains, j’ai apprécié le format fin et délicat, le papier, et bien sûr, l’intensité romanesque.
Que propose la collection dans laquelle vous publiez ?
Cette collection existe depuis les débuts de la maison d’édition Parole, en 2006. Elle met en avant des voix de femmes, des textes qui ne pourraient être écrits par des hommes. Parmi les livres de cette collection se trouvent 3 livres de Nancy Huston, plusieurs premiers romans et recueils de nouvelles dont certains ont été primés et remarqués. C’est le cas de « Une araignée dans le rétroviseur » de Patricia Bouchet paru en 2022. Celui-ci a été récemment repéré par Amélie Nothomb.
Quels sont vos projets futurs ?
Lors de la résidence au Ciel de Royan, j’ai également écrit La Bleue de midi. Ce texte à dimension surréaliste se destine à être un roman graphique : la couleur bleue y est presque un personnage et deux univers coexistent : celui de la mer et du métro. Avis aux dessinateurs, ce texte cherche preneur ! En voici un extrait : « Est-elle une artiste qui joue avec le bleu gris des cieux de la ville ? Le soir, il l’imagine préparer ses vêtements en écoutant d’une oreille tendue la météo du lendemain pour élire le camaïeu de son manteau ».
Bonne chance à vous Romane, pour la sortie de votre livre. Pour en découvrir un extrait, c’est ici.
Pour se le procurer, en librairie ou directement chez l’éditeur ici.
Photo de tête d’article : copyright : Bernard Plessy