Qui n’a pas un jour eu envie de céder à la tentation de troquer sa location exigüe en centre-ville pour accéder à la propriété d’une maison en banlieue ?
C’est à cette tentation que va succomber un couple de trentenaires, attiré par la construction d’un quartier écologique à portée de RER. Ils vont ainsi découvrir les joies du confort moderne, et celles de la promiscuité d’un voisinage très particulier.
Peu après leur installation dans la maison idéale, le couple Lecocq emménage dans la maison mitoyenne avec leur gros chat, et ils ne manqueront pas tous les trois d’empiéter sur leurs plates-bandes. Dès lors, commence un thriller psychologique dans tout le pâté de maison, dont l’issue menace d’être fatale.
Après un premier roman noir sur fond psychanalytique, Julia Deck construit dans ce quatrième livre un récit diabolique dans un style incisif en forme de conte. À défaut d’un château, l’ogre se cache parfois dans les replis d’un projet d’urbanisme.
D.P.
Julia Deck, « Propriété privée », Les Éditions de Minuit, 2019.
Extrait : « Il était temps de devenir propriétaires. Soucieux de notre empreinte environnementale, nous voulions une construction peu énergivore, bâtie en matériaux durables. Aux confins de la ville se tramaient des écoquartiers. Notre choix s’est porté sur une petite commune en plein essor. Nous étions sûrs de réaliser un bon investissement.
Plusieurs mois avant de déménager, nous avons mesuré nos meubles, découpé des bouts de papier pour les représenter à l’échelle. Sur la table de la cuisine, nous déroulions les plans des architectes, et nous jouions à déplacer la bibliothèque, le canapé, à la recherche des emplacements les plus astucieux. Nous étions impatients de vivre enfin chez nous. »