Le jeudi 28 mars, Aleph-Écriture recevait les éditions Globe, éditeur partenaire du nouveau programme « Littérature du réel ». Retour sur cette rencontre inspirante.
En présence d’Henri Marcel, collaborateur de Valentine Gay chez Globe, de Margaux Radepont, assistante d’édition, et Patricia Duez, éditrice, la rencontre a permis 125 de personnes (sur place et en visio) de faire connaissance avec cette maison fondée en 2013, de découvrir son catalogue et d’échanger autour de la littérature du réel.
Voilà quatre ans qu’Henri Marcel part « à la chasse aux bons textes » pour les éditions Globe. « Quand je suis arrivé, a-t-il raconté jeudi, il y avait une énorme pile de manuscrits en attente. J’ai trouvé deux bonnes surprises parmi eux. » D’abord, Les Enragés, de Paola Nicolas. Ce roman, dont le personnage principal n’est autre que Louis Pasteur, revient sur les circonstances de l’élaboration du vaccin contre la rage. Dans la même pile, il y avait un texte de Maud Santini. « Elle annonçait dans le synopsis, à la manière d’une anthropologue, qu’elle allait parler du SAMU, cet “hôpital qui se déplace”. Sa présentation était intelligente, il y avait quelque chose de très évocateur. On sentait une matière humaine très émouvante. » Sans cesse repousser le rivage est paru en février 2023.
« Une maison d’édition, c’est à la fois une ligne éditoriale et une aventure. Elle commence par l’envie de faire émerger un texte, explique Henri Marcel. Étant de formation philosophique, Valentine Gay aime ceux qui mêlent le personnel, le narratif et le sociologique. C’est-à-dire qu’ils racontent une histoire en lien avec un fait de société, et que l’on sent une tonalité propre à l’auteur. » Ensuite, « comme n’importe quel lecteur, on lit les premières pages et on se fie à ce qu’on ressent : si quelque chose se passe, même si on ne comprend pas tous les enjeux, on a envie de lire la suite. »
C’est ce qui s’est passé avec le récit de Dominique Sigaud fin 2023. Ancienne reporter de guerre, elle revient sur ce qu’elle a vécu au Rwanda en 1994, à une époque où l’on ne diagnostiquait pas le stress post-traumatique. « J’ai reçu son manuscrit un jeudi à 13 h 30, se souvient Henri Marcel. Je l’ai lu ; à 16 heures, Valentine commençait à le lire ; le lendemain, le contrat était signé. » Perdre la main est paru le 7 mars dernier, un mois avant le trentième anniversaire du génocide.
Initialement spécialisée dans la publication de littérature étrangère, Globe choisit en 2022 de développer le domaine français. Le premier ouvrage francophone qui a convaincu Valentine Gay fut celui d’Anthony Passeron à propos du Sida, Les Enfants endormis, plusieurs fois primé, notamment par le Wepler. L’éditrice Patricia Duez a été séduite par « ce projet complexe de double narration avec, d’une part, l’expérience d’un malade et, en parallèle, l’évolution de la recherche scientifique ». Jeudi soir chez Aleph, elle a détaillé comment s’était déroulé le remaniement du manuscrit avec l’auteur, de la « révision du rythme » à la « vérification des dates et des faits », en passant par « les suppressions pour renforcer l’intensité » du propos. « Parfois, assure-t-elle, il vaut mieux être un peu radical pour le besoin du texte. » Le travail s’arrête « lorsque l’on est sûrs de présenter au lecteur un livre dont la lecture sera agréable, fluide, enthousiasmante ».
Globe publie une douzaine d’ouvrages par an, d’après Margaux Radepont, assistante d’édition. Romans, fragments, recueils de nouvelles… « L’hybridité nous intéresse, et nous n’excluons aucun genre, fait savoir Henri Marcel. Chacun.e peut nous soumettre son manuscrit sans aucune restriction. »
Delphine Tranier-Brard, à l’initiative de ce programme avec Henri Marcel, a ensuite lu quelques extraits de Les enfants endormis, puis a présenté avec Marie Boulic, animatrice du programme « Littérature du réel » cette formation inédite de 60 heures.
À l’issue de cette formation, chaque participant – s’il l’estime suffisamment prêt -, pourra soumettre son texte finalisé dans les trois mois suivant la fin de l’atelier, et obtiendra une note de lecture professionnelle du comité des éditions Globe.
Marie Boulic a donné quelques précisions concernant les éléments à présenter au comité de sélection.
La note d’intention permettra de saisir en une page l’esprit du texte, la direction vers laquelle l’auteur.e entend le mener (cadre, lieux, enjeux, personnages principaux, point de vue). Les vingt pages à soumettre pourront être soit celles qui débutent le manuscrit, soit être choisies dans le corps du projet.
Après de nombreuses questions des participants, cette rencontre s’est terminée par des échanges nourris autour d’un verre sur le toit-terrasse.
Nous remercions chaleureusement les éditions Globe pour cette soirée riche d’enseignement sur leur processus éditorial, ainsi que pour leur implication dans ce nouveau projet avec Aleph-Écriture.