Reflets dans un œil d’or. Carson Mc Cullers (1945). Le Livre de Poche.
Reflets dans un œil d’or, est un livre que je n’avais jamais lu. L’adaptation qu’en a faite John Huston pour le cinéma, avec Liz Taylor, en donne une vision partiale.
Le roman est construit comme une nouvelle, avec une métaphore centrale, celle de l’œil « mauve et humide » d’un cheval, reflétant l’effroi du capitaine qui le monte, protagoniste principal d’un récit froid et mystérieux. Ce jeu de regards est décliné dans la déploisement de chaque fil narratif.
Chacun est le voyeur volontaire ou involontaire d’un personnage qui lui-même regarde un autre personnage. Le trajet de ces regards se resserre dans le drame final, comme une série de balles perdues qui atteignent leur cible finale.
Il y a ceux « qui ne voient rien », et ceux qui ne veulent pas voir, comme ce capitaine d’un fort dans le Sud des États-Unis, restant voyeur d’un destin qui s’accomplit contre lui, parce qu’il ne parvient pas à se voir tel qu’il est.
Un livre fascinant, qui diffracte une narration concentrique autour d’un « œil d’or ». Celui d’un cheval qui personnifie la pulsion de vie et du désir.
« Combien dura de temps cette folle chevauchée, le capitaine ne le sut jamais. Vers la fin, il vit qu’ils étaient sortis des bois et galopaient dans une grande plaine. Il lui sembla que, du coin de l’œil, il voyait un homme étendu sur une roche au soleil et un cheval qui paissait ».
Danièle Pétrès
Rédactrice en chef