Longtemps l’autoédition a eu mauvaise presse, ses pratiques n’étant pas toujours été considérées comme très professionnelles. L’arrivée du livre numérique au début du 21e siècle a considérablement changé la donne.
De nombreux sites proposant des solutions d’autoédition ont vu le jour. S’autoéditer est devenu plus facile et meilleur marché, encore faut-il savoir décrypter les différentes offres des sites spécialisés dans le domaine. L’Inventoire est donc allé regarder de plus près ce que proposent ces nouvelles plateformes d’édition.
La mise en ligne de votre manuscrit
Que votre manuscrit soit à destination commerciale ou non, celui-ci peut être très rapidement publié en ligne (24 à 48 heures selon les plateformes).
Il vous suffit de fournir votre texte en format Word à une des nombreuses plateformes d’autoédition : BoD, Edilivre, Iggybook, KDP d’Amazon, Librinova, Publibook, Publishroom, TheBookEdition, etc.
Celui-ci passera ensuite à travers les filtres de logiciels permettant d’écarter les plagiats, les textes incitant à la haine, la xénophobie, etc.
Il est donc très facile de mettre en ligne votre texte brut et gratuitement. Néanmoins, cela implique que votre manuscrit soit parfaitement abouti au niveau du style et de l’orthographe. Vous devez également fournir un fichier où votre texte est mis en page de façon professionnelle et avec une couverture qui va retenir l’attention.
Les plateformes d’autoédition proposent également des offres Premium intégrant des services de relecture, corrections, maquette et réalisation d’une couverture. Si vous n’êtes pas en mesure de les réaliser vous-même, ces services peuvent donc être intéressants. En ligne, le lecteur à l’embarras du choix, ne proposez donc pas un livre ayant un aspect trop amateur.
Le prix public de votre manuscrit : vendre ou non son livre
Vous pouvez choisir de commercialiser votre livre, ou de le réserver gratuitement à un cercle restreint ou à vos proches.
Vous pouvez vous charger vous-même de vendre votre ouvrage numérique sur des sites comme KDP Amazon, Apple iBooks, GooglePlay, Kobo, chapitre.com, YouScribe, etc., un pourcentage de la vente de votre livre sera alors versé au site.
Il est également possible de souscrire à l’offre payante d’une plateforme d’autoédition qui se chargera du référencement chez les e-libraires.
Certaines plateformes d’autoédition se rémunèrent également sur chaque vente de votre ouvrage sur leur site.
Il en est de même pour l’édition à la demande (BoD, Jouve, Librinova, etc.), la plateforme prélèvera une commission sur la vente. Idem si vous souscrivez à une offre Premium incluant un diffuseur pour votre livre.
Les plateformes proposent différentes offres contenant plus ou moins de services, prenez donc bien le temps de lire ce à quoi vous souscrivez.
Il vous faut également penser à fixer le juste prix de votre ouvrage.
Le prix moyen d’un livre numérique en France est inférieur à 8€, avec de grandes disparités entre les livres numériques autoédités et ceux des éditeurs traditionnels. En effet, ces derniers vendent leurs ouvrages numériques en moyenne 30% moins cher que l’édition papier.
Agnès Martin-Lugand est souvent citée comme l’exemple de réussite d’un parcours débuté avec l’autoédition. Au départ, son livre, Les gens heureux lisent et boivent du café était en vente à 0,89 centimes sur KDP Amazon, Kobo, Chapitre.com et iTunes.
Ce prix attractif visait essentiellement à faire connaître son ouvrage. Pari réussi : elle en a vendu plus de 8 500 exemplaires en trois mois. Michel Lafon, attiré par ces chiffres prometteurs a alors racheté les droits pour l’édition papier. Il s’en est alors vendu plus de 500 000 exemplaires (en grand format puis en poche). Aujourd’hui, il est intéressant de noter que l’édition numérique de ce titre est passé à… 2,99€.
Donc, si votre but est davantage de développer votre notoriété que de gagner de l’argent à court terme, le prix de votre livre numérique doit être très incitatif à l’achat.
La promotion et la diffusion de votre livre
Il faut savoir que publier sur une plateforme d’autoédition, sans être un as de la promotion ou sans disposer de temps à y consacrer, c’est risquer de ne pas assurer une bonne visibilité à votre livre. Comment un lecteur potentiel pourra-t-il vous trouver parmi les 5 à 10 000 références présentes sur la plateforme d’autoédition ou sur la librairie en ligne ? Qu’est-ce qui va donner envie de vous lire, différencier votre livre des autres, avant même d’avoir été ouvert ?
Le web, nouvelle interface sociale de notre société est devenu au fil du temps une étape incontournable pour la promotion d’une édition en ligne, mais cet exercice peut s’avérer excessivement chronophage. L’auteur doit contacter la presse, les communautés de lecteurs, les blogueurs et influenceurs littéraires, animer une page Facebook, un compte Twitter, donner des conférences, etc.
C’est la raison pour laquelle les sites proposant des solutions d’autoédition ont développé des offres Premium qui assurent la promotion des ouvrages. Si vous optez pour cette option, soyez néanmoins attentifs à ce que cette mise en avant ne se limite pas à la plateforme qui vous a autoédité. Votre but doit être la bonne visibilité de votre livre sur les librairies en ligne et auprès des communautés de lecteurs et influenceurs.
Si vous optez pour l’édition à la demande, vérifiez que votre plateforme d’autoédition est bien associée à un diffuseur de livres papier. Cela vous assurera le référencement de votre ouvrage en librairie : le lecteur pourra ainsi venir le commander dans la librairie, même si le livre ne sera pas mis en avant dans le point de vente puisqu’il n’est pas disponible physiquement.
Quelles sont les limites de l’autoédition ?
Le top des ventes d’Amazon KDP serait suivi de près par un certain nombre d’éditeurs à la recherche de talents. En effet, ceux-ci pourraient ainsi repérer de nouveaux auteurs à qui proposer un contrat d’édition traditionnel. Le fait qu’ils n’hésitent pas, lors de la promotion du livre, à s’appuyer sur la notoriété déjà acquise par l’auteur sur Internet confirme que ces formes d’autoédition sont utiles pour se faire remarquer par l’édition traditionnelle.
En 2016, les ventes de livres numériques en France représentaient seulement 3,5 % des ventes totales de livres (source GfK). On comprend alors pourquoi les auteurs renoncent facilement à l’autoédition.
Pour conclure, l’édition papier demeure la plus prisée des lecteurs mais s’autoéditer peut être un moyen de débuter, de faire un test.
Il semble tout de même très appréciable pour un auteur de pouvoir se consacrer pleinement à l’écriture de son livre, sans se soucier de sa diffusion et de sa promotion, prise en charge par un éditeur traditionnel. Éditeur traditionnel qui, en filtrant les manuscrits, offre au lecteur un gage de qualité éditoriale et assure généralement une certaine visibilité au livre papier en librairie.
Par Nathalie Hegron
Pour en savoir plus, découvrez le livre « Devenir Ecrivain« , paru ce mois-ci au Editions Leduc.s. dont Nathalie Hégron a apporté sa contribution pour la partie concernant l’édition numérique.