L’édition de textes courts est actuellement en pleine mutation. Affirmation de la poésie narrative dans le paysage éditorial, recueils de fragments biographiques, recueils de nouvelles thématiques… Le stage « Ciseler son recueil de nouvelles« , animé par Laurence Hugues du 21 mars au 5 juillet 2025 est l’occasion de réfléchir à la construction de son recueil de textes.
Tous ceux qui suivent des ateliers d’écriture le savent, le plaisir d’écrire est infini, et les pistes d’écriture innombrables. Après plusieurs années de pratique néanmoins, les récits s’amoncèlent. Parfois surgissent des nouvelles, fragments, chroniques, carnets de bord. Mais comment envisager de réunir un matériau souvent disparate ?
C’est en constituant un recueil des textes qui comptent le plus pour nous (ceux qui restent en mémoire après les avoir maintes fois relus), qu’il est possible de trouver la voie vers la construction d’un livre. Laurence Hugues vous propose de définir une ligne directrice à partir de laquelle construire votre recueil de nouvelles, et d’en produire une dizaine en lien avec la thématique principale que vous aurez identifiée. Un livre est avant tout un recueil constitué de pièces qui se répondent l’une à l’autre, avec un certain ordre et une progression.
Chacun pourra réfléchir à sa notion du recueil. L’alternance des temps d’atelier et d’un temps de travail personnel permettra d’avancer sur ses choix (en envisageant les textes à ajouter ou à retirer). Une manière concrète d’interroger son désir et d’avancer dans son projet.
Danièle Pétrès
Pour aller plus loin :
Linor Goralik, « Trente-quatre récits très courts et assez courts », Monts Métalifères éditions (2022)
Ce recueil mêle récits de quatre lignes à cinq pages d’un ton enlevé, où la densité se rapproche du poème ou des nouvelles de Brautigan, pour décrire des situations et des émotions de personnages pris à un instant décisif (ou pas du tout), de leur vie quotidienne.
Extraits
« Panadol »
Alors il est allé dans la chambre et a embrassé toutes ses robes, une par une, mais ça n’a pas aidé non plus. p. 45
« En position »
« Il se mit enfin à croire en Dieu quand il comprit qu’après chaque nouvelle salve de hurlements rauques, conclue par un « Au sol, en position ! » furieux et postillonnant, il parvenait, à bout de forces, le visage plaqué dans la gadoue nauséabonde du terrain militaire d’octobre, à sentir, pour des raisons parfaitement inexplicables, une odeur pure, vertigineuse, de lilas ». p. 25
Monts métallifères est maison d’édition fondée en 2021 par Lilas Carpentier et Guillaume Mélère. Elle édite des ouvrages stylistiquement surprenants, capables de jouer avec les règles et les conventions. « Trente-quatre récits très courts et assez courts » réunit des microfictions de Linor Goralik, autrice née en 1975. (Traduit du russe par Daria Skorobogatova).
Recueil d’Antoine Wauters « Le musée des contradictions » (Prix Goncourt de la nouvelle 2022), Éditions du Sous-sol.
« Des voix s’élèvent, s’approchent du centre de la scène qu’est ce livre et s’expriment. Ici, l’homme n’est ni bon ni mauvais. Il hésite, souffre, espère et doute, comme nous tous. N’est-ce pas là l’expérience qui est la nôtre aujourd’hui ? Chercher tant bien que mal à accorder nos paroles et nos actes ? Tenter de trouver du sens là où il n’y en a plus ? Voir que les choses sont sans espoir, et pourtant être résolu à vouloir les changer ?
Une adresse aux lecteurs qui intensifie la poésie, une façon de se réapproprier le discours sous forme de nouvelles. Antoine Wauters va toujours plus avant dans l’exploration des frontières du roman » (extrait de presse).
Écrivaine et cinéaste, Laurence Hugues mène un parcours poétique atypique, entre documentaire et intime. Diplômée de la FEMIS, elle travaille à partir de matériaux trouvés ou filmés, avec de nombreuses coopérations transnationales (Afrique de l’Ouest, Suisse, Inde, Pakistan…). Formée à l’animation d’ateliers d’écriture par Aleph, elle a travaillé à Paris avant de revenir s’installer en Auvergne Rhône-Alpes après la parution de « Pas vu Maurice, chroniques de l’infraordinaire », un livre à partir de carnets trouvés dans une ferme abandonnée du Haut Forez (éditions Créaphis).
Ciseler un recueil de nouvelles, inscription ici