Nuits d’une maîtresse
Nuit familière
où je me coule
à l’ombre de ton absence
monumentale
Nuit découpée
d’impatience
où j’attends l’aube
concrète
de ton corps
confidentiel
Pour nous
le jour est la nuit
On joue à la nuit
on l’étire
au point du jour
à l’heure où tu surgis
ensommeillé
de sa bouche à la mienne
Ta vie
ce manège à bascule
Ni grand soir ni grand jour
nous n’avons que la nuit
matinale
de nos gestes effarés
Pour le feu d’une heure
j’éteins le reste du jour
vêtue
de lambeaux d’amour
J’use le temps
blottie
dans l’alcôve tiède du manque
À la lumière crue
je préfère les mensonges
de l’amour impossible
Et la sève tamisée
de ta langue
qui m’appartient
Nuit lumineuse de tes yeux
tombés sur moi
Nuit aride
comme l’ennui d’une source
intarissable
Nuit des quais
déserts
où tu ne m’attendras jamais
Nuit des tarmacs
et des sols étrangers à ta présence
Nuit des jours immobiles
qui passent
identique et solitaires
sur mon cœur chauffé à blanc