Malgré l’envie d’écrire, il s’avère souvent difficile d’aller seul au bout d’un projet autobiographique. Nous avons demandé à Michèle Cléach, qui a co-créé le stage d’initiation « écrire et transmettre son histoire de vie » avec Delphine Tranier-Brard, de nous dire à qui il s’adresse.
À qui s’adresse le stage : « Écrire et transmettre son histoire de vie – initiation » ?
MC : Dans les ateliers d’écriture, il y a des stages et des cycles. Écrire et transmettre son histoire de vie, est un stage d’initiation qu’on peut poursuivre par le cycle du même nom. Ce stage de 3 jours est un passage obligé pour participer au cycle. C’est le moment où l’on met en place les briques de fondation du cycle de 10 jours dans l’année « Formation au métier de biographe« . Toute personne qui a envie de faire de son histoire un objet littéraire, qui souhaite la travailler par l’écriture, lui donner une forme, peut y participer !
Quelles sont les motivations des participants ?
MC : Les motivations de départ peuvent évoluer en chemin. Une grande partie du stage est consacrée à l’écriture autour de la question de la transmission. Pourquoi je transmets ? À qui je veux transmettre ? Qu’est-ce que je transmets ?
L’intention de départ évolue au long de l’atelier. Par exemple, une participante qui avait une longue pratique de l’écriture avait une idée précise de ce qu’écrire son histoire voulait dire, et elle savait à qui elle voulait la transmettre. Pour elle, il y avait des faits, des événements, la réalité. Elle partait sur l’idée d’un récit chronologique. À la fin du cycle, elle était complètement sur autre chose et avait compris qu’on travaille son histoire comme n’importe quel matériau d’écriture et qu’il n’existe pas une forme figée. L’important c’est de trouver la forme qui convient pour le récit singulier de chacun.
Comment se déroule le cycle d’initiation « Écrire et transmettre son histoire de vie » ?
MC : On y retrouve toutes les modalités de l’atelier classique, qu’il soit littéraire ou autobiographique : des propositions d’écriture, des retours, des lectures et relectures. Si la personne a envie d’aller vers l’autofiction ou le roman autobiographique, c’est tout à fait possible.
Dans toutes mes propositions d’écriture, il y a un thème, l’enfance par exemple, ainsi que des enjeux formels, la temporalité, l’usage des pronoms, le dialogue, le monologue intérieur, etc. Allier les deux permet l’écriture du récit tout en travaillant un point technique ou une forme particulière. L’objectif, c’est également que les participants soient dans la réécriture. J’encourage donc vivement à retravailler les textes à partir des retours faits en atelier. Et à chaque proposition j’ouvre des pistes pour qu’ils poursuivent l’écriture chez eux.
Qui suit votre formation au métier de biographe ?
MC : La formation au métier de biographe, nous l’avons conçue avec Delphine Tranier-Brard qui est aussi formatrice à Aleph et qui a été biographe pendant plusieurs années. Nos expériences sont complémentaires. À la rentrée d’octobre (du 10 octobre 2022 au 14 juin 2023), nous accueillerons la neuvième promotion.
Là aussi les motivations des uns et des autres peuvent être très différentes. Certains veulent en faire leur métier. Il s’agit souvent de personnes qui se réorientent professionnellement. Elles animent déjà des ateliers d’écriture ou ont comme projet de se former aussi à cela. Certains sont journalistes, ou écrivains publics. Il s’agit alors d’ajouter une corde à leur arc. Cette activité s’inscrit aussi dans des projets après retraite.
Dans tous les cas, ce sont des personnes qui ont une appétence pour l’écriture, aiment entendre les histoires de vie et ont une dose d’empathie importante. Le métier de biographe, c’est une relation à la fois humaine et commerciale. Ce public est majoritairement composé de femmes.
Selon vous qu’est-ce que le fait d’écrire apporte à un individu?
MC : Pour moi, dans l’écriture comme dans les histoires de vie, permettre à toute personne, quelle qu’elle soit, d’écrire son histoire est un véritable enjeu démocratique. L’histoire des individus est ce qui fait l’Histoire, avec un grand H ; ce n’est pas uniquement celle des personnes qui détiennent le pouvoir.
Le travail de l’écriture, la recherche de la forme, c’est de qui va donner aux lecteurs envie de lire une vie même si ce n’est pas celle d’un puissant ou d’un people. Écrire donne du pouvoir, écrire son histoire permet de se la réapproprier, de ne pas laisser le pouvoir aux autres. Et cette démarche qui s’inscrit dans la continuité de mon parcours est pour moi extrêmement importante.
Pour en savoir plus sur les formations et ateliers d’écriture que Michèle Cléach dispense pour Aleph-Écriture, cliquez ici.
Delphine Tranier-Brard écrit majoritairement des récits ancrés dans le réel. Co-autrice de Ma vie en récits aux éditions Hachette et de Devenir Biographe aux éditions Chronique sociale, autrice d’une trentaine de biographies privées et de Chercheur d’or bleu, poète, slameuse, elle a également travaillé en librairie.
Elle conduit régulièrement à Aleph Le Cercle de lecteurs, la Formation à l’animation d’ateliers d’écriture, la Formation à l’écriture littéraire, la formation de biographe, et Écrire et éditer son histoire de vie, en partenariat avec Bayard.