En réponse à la proposition d’écriture d’Arlette Mondon-Neycensas, vous nous avez envoyé votre lettre d’admiration à un écrivain. Voici le texte de Marie Lafourcade à Valérie Perrin.
Très chère Valérie,
J’aurais tant aimé vous rencontrer. Moi la modeste lectrice devenue orpheline des émotions au fil des mots. Je ne me doutais pas que Changer l’eau des fleurs s’infiltrerait au plus profond de mon corps. Je viens de tourner la dernière page du livre et le cœur en peine, je m’apprête à faire le deuil de la vie de Violette. Plus jamais je n’irais sur la tombe de Léonine.
Impensable d’oublier le son de mes pas sur le gravier du cimetière, de ne plus faire mien l’écho des sentiments, de ne plus sentir les âmes au milieu des demeures éternelles.
Je pleure, je les cherche, j’enquête. Je fouille chaque recoin de la toile. Ils sont quelque part, leurs histoires ont surement pris racine ailleurs que dans la tête de l’auteur de talent que vous êtes. Je me désespère je navigue sur le désert des nouvelles. Personne ne le connaît, il n’existe que pour ceux qui vous lisent.
À ce moment précis, je vous en veux de me maintenir dans cette incapacité de laisser partir des vies qui ne m’appartiennent pas. Je vous en veux de nous faire croire que nous pouvons faire nôtre ce bonheur offert comme du miel sur une tartine. Nous appâter pour mieux nous laisser tomber.
Le temps qui passe efface doucement les douleurs du deuil. Les souvenirs s’estompent, la présence de Violette se fait douceur et bienveillance. Elle est maintenant comme un rayon de soleil qui éclaire les jours de pluie.
Je ne peux que vous remercier de m’avoir donné le plus beau des cadeaux : savoir profiter du moment présent, rien n’est éternel.