Jusqu’au 20 août 2022, La Maison Européenne de la Photographie nous offre une rétrospective des photographies de l’intime issue de ses collections. Intitulée « Love Songs », on y vérifie que les meilleures photos sont souvent celles de l’être aimé, formant sur la durée les plus beaux poèmes d’amour.
Sur les deux niveaux de l’Hôtel de Fourcy, les cimaises font place aux moments tendres et heureux, sous l’oeil de photographes toujours complices. Pas d’images volées dans cette exposition, on peut parler « d’images consenties » de l’être aimé, parfois prises en parfaite collaboration. Le modèle a autant de part que le photographe dans ces images soit prises sur le vif (comme celles de René Groebli qui photographie sa femme dans la chambre d’hôtel de leurs noces), soit mises en scène, comme pour celles d’HG Engström et Margot Wallard, tous deux photographes, dans leur série « Foreign Affair »).
Au début de l’exposition, deux séries : celle de René Groebli « L’oeil de l’amour », qui a photographié sa femme en 1952, dans la chambre d’hôtel où ils ont séjourné quelques années plus tôt; dans la salle suivante, les portraits d’Edith, réalisés au fil du temps par Emmet Gowin (1967-2012).
Dans la galerie parallèle, on redécouvre l’oeuvre d’Araki, qui a photographié sa femme jusqu’à la mort de celle-ci. Des images troublantes et crues, où l’on retrouve l’obsession du photographe pour la nudité et l’entrave. Des images qui s’échelonnent de leur photo de mariage, à celle prise sur son lit de mort.
Parmi la sélection plus récente, des histoires d’amour passionnelles, dont la série « Foreign Affair », et la japonaise Inri et le chinois Rong Rong, avec « Personal Letters » (2000), des photos légendées à la main, comme des cartes postales écrites à toute vitesse. Enfin, on redécouvrira aussi les photos de Nan Goldin et Larry Clark, qui ont photographié l’intimité, dans la lignée d’Hervé Guibert. Une exposition envoûtante, à découvrir si vous êtes à Paris en Août.
Danièle Pétrès