Les allumettes
Le tabac est encore ouvert
la carotte clignote
j’ai besoin d’allumettes
pour éclairer ma nuit
entrevoir l’invisible
déchirer le grand rideau
ses ombres flottantes
ma vie au dedans
Je pousse la porte du magasin
une vieille femme termine de ranger le comptoir
je suis sa dernière cliente
je dis des allumettes s’il vous plaît
une grande boîte
elle me regarde étonnée
comme on regarde un enfant
je n’ai que des briquets
J’ai pris celui
à un euro
tiendra t-il jusqu’au matin
d’une flamme qui ne tremble pas
mon doigt se crispe sur la molette
le gaz fuse
une lumière jaillit
dans un halo limité
j’aimerai percer le mystère
de tant d’obscurité
Le vent et la pluie se sont mêlés à la partie
tels des amants qui s’aiment et se repoussent
dans un même temps
Le briquet s’est affaibli
avant de s’éteindre tout à fait
La nuit resserre son étreinte
le froid gagne et transperce
j’ai pensé à toi qui dormais