Sur une proposition d’écriture de Sylvette Labat à partir du roman de Pierric Bailly « La Foudre » (P.O.L, 2023), ce texte figure parmi les huit sélectionnés.
L’envol
A l’aéroport Logan de Boston, dans la salle d’embarquement éclairée par le soleil matinal, Gino, l’œil rivé sur sa mallette, élabore des projets.
Avec l’argent du hold-up, ouvrir une concession automobile dans un bon quartier, démarrer doucement, se bâtir une respectabilité, loin d’ici.
Une jeune femme blonde en tailleur gris s’approche, hésite, puis s’assoit près de lui, et engage la conversation.
– Nous avons de la chance, le temps est beau aujourd’hui. Vous allez aussi à Los Angeles ?
– Oui, je quitte la côte Est, le climat est meilleur là-bas.
– Moi, je vais aider ma mère à Ventura, sa santé est mauvaise. J’habite Boston, j’y travaille. Au fait, je m’appelle Sharon. Et vous ?
– Ned. Ned James. Je ne suis pas d’ici.
– C’est étonnant. Il me semble pourtant vous avoir déjà vu, à moins que ce soit votre voix ?
Gino a identifié la femme, c’était la caissière de la banque. Elle ne peut pas le reconnaître, il était masqué.
Un jeune garçon turbulent renverse son Coca sur le pantalon de Gino, qui éructe :
– Eche cazzo !
La femme se lève brusquement et part vers l’entrée de la salle.
Les passagers du vol AA11 d’American Airlines sont appelés, Gino rejoint la file.
Trop tard, une main l’arrête, un policier lui demande de le suivre.
Adieu, rêves dorés.
Près du comptoir, l’homme reprend son souffle. Le coup est passé près.
Maintenant, plus rien ne l’empêchera, avec ses complices, de prendre le contrôle de l’avion.
H.K.