Joan Didion, romancière américaine née à Sacramento (Californie) en 1934, a été rédactrice à Vogue pendant dix ans, une école formatrice où l’efficacité est la règle et où on lui martele : « verbe d’action, verbe d’action ! ». Elle a trouvé très tôt son style de chronique, en ne séparant jamais le thème traité d’une quête personnelle.
Tout est là, dans le terme « personnel ». Elle travaille dans la même direction que Norman Mailer ou Tom Wolfe, du côté du « New journalism ». En prenant des positions (comme Françoise Giroud en France), elle imprime une opinion. Un point de vue personnel sur le sujet qu’elle traite, ce qui le rend universel et passionnant. Qu’a-t-on à faire d’un résumé ou d’une simple recension d’un événement ou d’un livre ? D’un commentaire sage et lénifiant ? Rien, et Joan Didion l’a remarquablement illustré dans ses articles.
Par bien des aspects, écrire, c’est l’acte de dire « je », d’imposer sa présence à autrui, de dire écoutez-moi, voyez les choses à ma façon, changez de point de vue.
« Pour tout vous dire » est un recueil d’articles où elle parle de sa vie d’écrivain, d’Hemingway, de sa visite à Nancy Reagan, à Xanadu (le château construit par Hearst, héros du film Citizen Kane d’Orson Wells), et des nouvelles qu’elle a essayé d’écrire
Dans « Pourquoi j’écris », empruntant son titre à une interview de Georges Orwell « Why I write », Joan Didion nous livre sa propre réponse.
« Par bien des aspects, écrire, c’est l’acte de dire « je », d’imposer sa présence à autrui, de dire écoutez-moi, voyez les choses à ma façon, changez de point de vue »… Tout ce que je savais à l’époque, c’était ce que je n’étais pas, et il m’a fallu quelques années pour découvrir qui j’étais. C’est-à-dire un écrivain.
Je veux dire non pas un « bon » ou un « mauvais » écrivain, mais tout simplement un écrivain, une personne qui passe ses heures de passion et de concentration les plus intenses à disposer des mots sur des bouts de papier ».
Plus loin, elle parle des circonstances de la naissance de son premier roman. Une femme aperçue à l’aéroport. Juste ça. Comment cette simple silhouette est-elle devenue l’héroïne de : « Un livre de raison » ? C’est à découvrir dans « Pour tout vous dire » (Editions Grasset, 2022).