David Sedaris est un auteur de nouvelles peu connu en France, mais très célèbre aux États-Unis. Il écrit régulièrement pour le New-Yorker et lit ses textes devant des salles combles. Drôles et autobiographiques, ses nouvelles abordent tous les sujets qui retiennent son attention au quotidien.
Ainsi le Sussex Ouest et ses déchets trainant dans les bois en prend pour son grade, quand son dentiste français dilettante et accro de la chaîne Voyage n’est pas épargné. Entre la France, l’Angleterre et les États-Unis, David Sedaris a toujours un pied dans l’avion, alors quand on aborde le sujet de la gastronomie chinoise associée aux crachoirs posés sur la table, l’urgence de quitter le pays est imminente.
David Sedaris tient un journal intime depuis l’âge de vingt ans. Il y note la plus petite anecdote, et puise dans ce réservoir de choses vues pour écrire ses nouvelles. Obsessionnel du détail parlant, il transforme ses mésaventures en récits cocasses où l’humour se mêle à la réflexion, sur des sujets aussi différents que le droit de vote aux États-Unis pour les catholiques intégristes ou les inconvénients qu’il y aurait à vivre jusqu’à 200 ans, surtout si c’était le cas de son père.
Dans cette nouvelle « Un coin de paradis », l’évocation de la ténacité du patriarche à lui faire réaliser des examens médicaux est d’abord racontée comme une purge, mais au final, se révèle l’occasion de se rendre compte à quel point il lui est précieux qu’il veille toujours sur lui à 90 ans, même de manière excessive.
Dans l’univers de David Sedaris rien n’endommage durablement, rien n’est vraiment grave. Donc, tout l’est. Mais ce sont des malheurs de perlimpinpin, ce qui permet d’en supporter le poids et de nous faire sourire de notre propre exagération à craindre le pire dans les mêmes situations.
Que dire de l’élégance de son style et de la profondeur de ses réflexions si ce n’est qu’il faut le lire, en commençant par « Habillés pour l’hiver » (Éditions 10/18), pour continuer par « Le hibou dans tous ses états ». Une lecture indispensable pour relativiser tout.
D. Pétrès
David Sedaris « Le hibou dans tous ses états » (Editions de l’Olivier, 2018)