En réponse à notre appel à écriture, « À table », voici un texte et une photographie de Liliane Vannier
À table !
Une fois de plus, mon nez frétille, hume et se fronce. Une odeur de brûlé s’échappe de la cuisine et me chatouille les narines. Instantanément, mes jambes me propulsent vers cet endroit où régulièrement je me surpasse.
Aujourd’hui c’est l’eau au fond du cuit-vapeur, qui, à force de bouillir, s’est évaporée, laissant le fond de l’ustensile noirci. Les légumes ont l’odeur et le goût de brûlé. Une épaisse fumée acre envahit la cuisine. J’ouvre en grand pour faire un courant d’air.
J’éclate de rire. C’est promis, le prochain cadeau que je me fais, c’est un minuteur.
Depuis le confinement, c’est un florilège ! J’ai fait une collection de plats carbonisés. Aubergines ratatinées façon caviar indescriptible, purée de riz façon glu, agglomérat de pâtes façon méconnaissable, carottes façon brasero, pommes de terres en robe de chambre noire, poulet en mode déperdition, etc.
Ma cuisine est un ring où je succombe malgré toutes mes bonnes intentions. Mes adversaires sont invincibles. J’ai beau m’armer de spatules, couteaux, j’en ressors vaincue à plate couture.
Couture ? Ça c’est un autre débat où j’excelle pareillement…
Cela dit, j’ai réussi un exploit et je m’en félicite, celui de ne pas avoir eu besoin d’appeler les pompiers !