En réponse à notre appel à écriture, » Et si moi, j’appelais », voici un texte et une photographie de Thérèse Dusaillant
Et si j’appelais, Saverio ?
Non, trop tard, trop de choses qu’on n’oserait pas dire.
Pourtant, en ces temps fragiles je pourrais prendre des nouvelles. Surtout de toi, Saverio de Lombardie avec tant de morts récemment dans ta belle ville de Bergame.
Bergame et cet hiver glacial il y a déjà 3 ans. Nous nous étions réfugiés dans un bistrot avant mon vol Ryanair. Dans la salle, un musicien interprétait le prélude d’une suite de Bach à la contrebasse. C’était poignant. Je me souviendrai toujours de ce moment, le dernier avec toi. J’étais si triste.
T’en souviens-tu ?
Nous avons eu des moments plus lumineux, même drôles comme ce jour à Vigevano où je faillis m’étouffer avec un bout de crabe provoquant l’effroi de tout un restaurant. Nous avons beaucoup ri après.
Chaque fois que tu venais à Paris, tu voulais revoir Notre-Dame et quand elle a brûlé, j’ai espéré un temps que tu te manifestes. Niente !
Non, je ne t’appellerai pas, Saverio, mais t’envoie ce petit mot auquel tu répondras peut-être…
Thérèse