En réponse à notre appel à écriture, « Et si moi, j’appelais », voici un texte et une photographie de Maly Lagarde-Larrieu
Et si moi, j’appelais ?
Criant ton nom, fenêtre ouverte, yeux fermés, de toute la force de mon souffle…
Je ferais peur aux oiseaux, aboyer le chien, fuir le chat…
Le vent emporterait ma voix et elle s’éteindrait bien avant d’atteindre le bois, les champs jaunes de colza, les coteaux de fruitiers, les eaux sales du fleuve.
Et si moi, j’appelais ?
Cette fois-ci. Moi qui appelle et qui dit : je viens ! Je rembobine l’histoire, remonte le temps, te rejoins devant ta porte rouge. Je guette sur ton visage l’insouciance disparue ; tu scrutes sur le mien une amertume nouvelle ?
Parfums lourds des rues tortueuses, marchés bruyants, plantes aromatiques, jardins secrets, palais oubliés, boutiques étroites où tout avoisine avec tout… Tu guides. Je découvre. Écouter, parler, rire ensemble.
Accoudés à ce mur millénaire face à l’océan marocain, j’évoque nos fêtes anciennes. Temps suspendu.