En réponse à notre appel à écriture, » Et si moi, j’appelais », voici un texte et un dessin d’Emilia Nice
Coeur glacé
Tu te morfonds, tu es bougon. Tu jures que tout va bien, que ces plis sur ton front ne signifient rien. Je n’en crois pas un mot. Tu es faible et solitaire. Même un ours mal léché a besoin de douceur. Et si tu l’appelais ?
Drapé dans ta fierté – n’est-ce pas de l’orgueil ? – tu vis paralysé. Tu te caparaçonnes de fermes raisons. La distance et le temps vous séparent. Nul avenir radieux pour vous. Tu n’en crois pas un mot. Tu es triste et amer. Même un templier des neiges à soif d’amour. Et si tu l’appelais ?
J’entends encore tes mots, je vois tes yeux embués lorsque tu m’as parlé de cette femme douce, naturelle, aimante, unique… Les jours passés à ses côtés t’avaient bouleversé. Tu rêvais de la revoir, ici ou en terre inconnue. Pourquoi l’avoir repoussée ? Pour ne pas être submergé d’émotions, pour ne pas succomber ? Pauvre fou ! Tu ne comprends donc rien ?
En ces jours inédits où plus que jamais l’évidence d’un danger mortel nous terrasse, il faut cueillir le jour. Il n’y a pas une heure de bonheur à gaspiller, pas une seconde d’amour à perdre.
Et si moi je l’appelais ?