En réponse à notre appel à écriture, » Et si moi, j’appelais », voici un texte et une image de Béatrice Putégnat
Et si moi j’appelais
Des mots simples s’envoleraient.
De toi à moi.
Comme s’il fallait laisser la gravité et les questions de côté.
Pour quand on se verrait.
Comment vas-tu ?
Et les courses ?
Pas trop long ?
Tes chats ?
Des mots convenus.
Pour ne pas à distance braquer, inquiéter, susciter un mensonge.
Parce que, à distance, je ne sais comment laisser filer les questions.
Parce que à distance, je ne pourrais te caresser la joue, nouer tes longs cheveux en une tresse serpentine pour dégager tes grands yeux.
Et tout ce maëlstrom d’émotions et d’inquiétudes resterait tapis quelque part dans mon corps. Nouant tout ce qui peut être noué dans ce corps qui commence à dévisser.
Mots à maux.
Une image qui hante : la boîte de ce médicament dont j’ai oublié le nom, en hauteur, dans une petite armoire au-dessus des toilettes.
Seule la mention V.I.H sans sida me trotte dans la tête.
Il était trop tôt le matin pour t’en parler. Je devais revenir. Un autre virus m’a coupé la parole.
Et si toi tu appelais…