En réponse à notre appel à écriture, « La maison farfelue », voici un texte d’Orane Chalvet-Parent et un dessin de son mari
Une ribambelle de maisonnettes peintes se mitoyennent sur un plateau entouré d’à pics, monstrueusement infranchissables. Le terrain de verdure a été conçu pour dissuader tout engin volant de venir semer la zizanie. On pourrait croire « les Rochériens » confinés dans cet inaccessible lieu. Et bien pas du tout !…
Aujourd’hui là-haut c’est fête. J’arrive à l’arbre de cent ans. Il me tend sa branche la plus basse. Il me fait confiance et je grimpe à sa cime librement, émue de ce que je redécouvre.
Loin des fumées et des bruits de la plaine, dans l’alignement des toits bleutés, se découpe une porte ouverte. Radieux, mon ami m’attire à l’intérieur. Aussitôt, sans déranger les bocaux d’épices précieuses, Tipi l’écureuil quitte sa branche/étagère préférée, pour s’encaffouner dans mon cou.
Branle bât de combat ! Orphée hisse le hamac/mezzanine (une toile de parachute récupérée). Les branches du chêne s’abaissent, mettant ustensiles et ingrédients à portée de main. Une compotée de sève de pin aux airelles du Rocher frissonne déjà sur le lave-linge retourné, formidable cuisinière dont le tambour fait office de soufflet.
Je m’empresse. Dans un chéneau nettoyé puis incliné, je réduis menu des pousses de tremble pour la sauce façon Orphée.
Bientôt tout sera prêt…
Je rêve d’une sieste dans le hamac, quand un gigantesque brouhaha m’alerte. En bas, le pauvre cèdre bleu ne sait plus où donner de la cime : on se chamaille pour monter.
L’ouverture du « resto Dionysos »… un franc succès !