En réponse à notre appel à écriture, « La maison farfelue », voici un texte et une photo d’Isabelle Huault
Je lâchais la main de ma mère dès que nous avions quitté la rue pour traverser la cour pavée. Je courais et enfilais les cinq marches de bois d’une sorte de donjon menant à la porte de la maison. Ils m’accueillaient, renard, tortue, héron, quand la porte s’ouvrait. En toute saison, la Dame était habillée de longues jupes rouge vif fleuri ou vert tendre ramagé.
J’échangeais mon manteau contre un chaperon de loup avant de descendre l’escalier menant à une large pièce aux fauteuils et rideaux fleuris rouge et ramagé vert. Dans une volière, un lapin blanc escaladait un réveil. Trois marches plus basses, je filais droit dans l’étroit couloir peint de savane, çà me faisait un peu peur.
Je pénétrais alors dans la grande verrière. Combien d’œufs d’or la poule avait -elle pondus dans la vieille baignoire écaillée ? Waouh ! trois ! Puis il me fallait choisir entre la hutte de chaume pour les arts ou la cabane de bois pour le bricolage (aïe les doigts) ou la maison de briques pour le modelage (ma préférée). Quand était venue l’heure de la madeleine sous la yourte de lin, il parait que toujours, je disais : « déjà ! ».
Cette maison-là, je l’ai connue après le grand déconfinement, j’avais cinq ans. Il parait que de timoré, je suis devenu un inépuisable raconteur de merveilles.
20 Avril 2020