En réponse à notre appel à écriture, « La maison farfelue », voici un texte et un dessin de Béatrice Putégnat
Circassienne
Bouclés, duveteux, flegmatiques, ils paressent à l’abri des regards. Un rayon de soleil chatouille leur paupière. Je prends ma baguette. La musique éclate. Ils se mettent à la file indienne. Saute…mouton, saute ! Leurs oreilles pendantes se soulèvent à chaque élévation. Les quatre pattes écartées et…hop par-dessus le dos du copain. La joyeuse sarabande tourne maintenant en rond tout autour des plinthes. Un léger filet de vent caresse leurs poils. Retour au calme dans l’enclos délimité par les quatre pieux du sommier.
De petits crissements éclatent côté cuisine. Je les ai oubliées entre les stries du carrelage. Allez les filles. Ma baguette zèbre l’air. Elles se mettent à chanter Meunier tu dors de leur filet de voix flûtée. Après leur numéro de miettes savantes, je dois les cajoler. Poudre de beurre à la volée, boulettes de confiture pour chaque bouchée affamée, mes miettes sont repues. Elles s’endorment les unes sur les autres.
Je dompte avec douceur. Poussière, tu es…