En réponse à notre appel à écriture, « La maison farfelue », voici un texte et une photo de Aldo Siddi.
Eclats de voix
Il quittait toujours seul son logement en tirant derrière lui une lourde valise. Les voisins irrités, apeurés même, le regardaient partir, momentanément rassurés. Les murs ne tremblaient plus de ces éclats de voix suraigus, de ces rires sardoniques, de ces échanges hystériques. Pourtant en son absence, c’est à peine si filtraient quelques échos, ou étaient- ce des bruits d’ailleurs égarés dans les colonnes d’air !
Parfois il rentrait à l’aube, souvent quelques jours plus tard, tirant son éternelle valise. Les dialogues reprenaient. D’abord faibles au cours de la matinée, un ton aimable. De simples conversations. Et puis l’après midi les querelles reprenaient. Il y avait assurément trois voix, au moins. Lancinantes, criardes, menaçantes. Personne n’avait vu quiconque entrer. La police enfin alertée, s’est présentée. Il a fini par céder. Il a ouvert la porte et livré sans résistance ses trois inquiétantes marionnette. Le ventriloque était hilare, en pleine répétition.