En réponse à notre appel à écriture, « L’affût un style de vie », voici un texte et une photo de Sophie Taam
Un ventriloque sur le toit
Mon regard s’arrête sur deux pigeons posés sur le toit de tuiles face à mon balcon. Le roucoulement monocorde (houhouuu hou… croche, noire pointée, croche) vient du pigeon brun et ventru, je le devine à sa chorégraphie impeccable : sur chaque noire pointée, sa gorge s’abaisse en une petite révérence devant la délicate tourterelle qu’il courtise. Sans ce mouvement, il serait impossible de distinguer l’origine de la mélopée ventriloque.
La tourterelle continue à sautiller, indifférente, de tuile en tuile, tandis qu’il la suit gauchement à quelques pattes de distance. J’attends le moment inéluctable où il va se faire pressant et la talonner. Après quelques minutes, il se lasse et s’envole vers une cheminée voisine. La tourterelle caracole en zigzag jusqu’au faîte du toit, puis s’y installe, lui présentant sa queue. Le pigeon la contemple quelques instants, puis bat de l’aile et disparaît. Le harcèlement sexuel serait-il également passé de mode chez nos amis les volatiles ?