En réponse à notre appel à écriture, « L’affût un style de vie », voici une photo et un texte de Patricia Jouan Moutou
Il est neuf heures. Une douce chaleur se fait déjà sentir et je vois Claire, ma voisine, enfourcher son vélo. Seul un petit mur sépare son jardin du mien.
– Je prétexte d’aller acheter le pain, puis, je rentrerai par derrière pour cacher les oeufs. Me dit-elle.
Elle est heureuse de ce rituel dont elle ne veut pas priver ses enfants et dont aucune mesure n’en interdit l’objet.
Ils habitent dans une maison moderne, noire et blanche, fin mélange de métal et ciment. Leurs voitures respectives sont garées sous un auvent dont l’esthétique est en accord parfait avec leur maison. En ce quotidien troublé, les parents télétravaillent, Margaux et Cécile leurs filles, remplissent leur devoir d’écolière avec sérieux deux heures chaque matin et chaque après-midi. Une fois leurs obligations remplies, elles passent du trampoline à la balançoire, de la balançoire au vélo inconscientes de vivre ce fléau invisible.
Puis, la chasse aux oeufs commence. Crédules, les deux petites filles rient et crient à ce jeu de cache-cache qui fait le bonheur de Claire et son mari.
Alors, je rentre à la maison. Le silence m’oppresse. Il y a quatre semaines que je n’ai pas vu mes petits-enfants.