En réponse à notre appel à écriture, « L’affût un style de vie », voici un texte une photographie d’Orane Chalvet-Parent
Ma fenêtre ouvre
sur un cadeau quotidien,
un bout de campagne jurassienne
découpée en photographie.
Au delà du cadre de bois,
cette immobilité n’est qu’apparence,
la vie farfouille
dans le printemps.
Une abeille forestière au beau costume bleu et noir,
ne fait que passer devant l’ouverture.
Une mésange charbonnière fait tsui tsui tsui, trois fois et
s’en va car on lui répond.
A son envol,
la ramure du pied de framboisier (sous la fenêtre, vous voyez ?)
balance ses nouvelles pousses vert tendresse.
Ça tremblote
et renvoie du soleil, en minuscule.
Chez la voisine, c’est la révolution, le taillis tressaute de toutes ses branches,
il crie presque. C’est la jacasserie incessante des moineaux qui… ?
Et puis, au milieu de la vue,
on ne t’oublie pas pauvre mirabellier vieilli.
Tu en fais des efforts pour la survie. On t’a aidé comme on a pu, débarrassé de maintes branches mortes, je t’ai même pansé. Tout tordu, tout éclopé que tu es, tu as encore forci tes ramilles dressées en délicats bourgeons.
On dirait que tu veux toujours nous gâter en été…
Capté de la fenêtre,
cet instant de printemps
est déjà du passé
qui ne m’appartient pas plus
que son futur, mais…
une sorte de magie opère.
Complices, la mémoire et l’écrit
tissent les couleurs, formes, sons,
odeurs, lumières et ombres,
pour se souvenir.