En réponse à notre appel à écriture, « L’affût un style de vie », voici un texte et une photo d‘Isabelle Huault
Il est des affûts qui n’en sont pas vraiment. On n’attend rien, on est juste là dans sa cuisine et, allez savoir pourquoi, on lève la tête de l’évier, on laisse son regard traverser la vitre et on voit, oui on voit, le petit vers de terre, hop ! surgir d’un bond hors du pot et retomber sur le rebord de la fenêtre. La vision est épinglée et notée à la page du jour de son carnet : « Sauvé le petit vers rose échappé de la potée de persil. Brancardé jusqu’au potager ».
Il est des affûts au rendez-vous raté. Aux premiers bourgeons, on se prépare et on écoute. A quand exactement la première fois son chant revenu dans la forêt pas si lointaine ? On n’en sait rien, noté sur le carnet le sept Avril « au jardin cet après-midi entendu le coucou ». La binette laissée en plan, l’oreille à l’aguet, elle sonde les entrailles du feuillage- dix-neuf, vingt, vingt et un -Coucou, coucou- puis quatre puis deux puis il se tait.
Ah ! la voici relancée la partition bavarde des voisines, fauvettes, mésanges et autres grives musiciennes du haut de leur grand chêne aux feuilles déchiffonnées.
14 Avril 2020