En réponse à notre appel à écriture, « Classer / reclasser les livres de ma bibliothèque», voici un texte et une photo de Odile
Si une grosse partie des livres ici rayonnent dans le couloir, depuis longtemps déjà, les classements ne sont plus respectés. Les oeuvres littéraires des études d’antan reléguées au deuxième rang sont cachées par des essais ou romans à teneur sociopolitique ; les livres d’art s’empoussièrent et rappellent qu’un jour, oui il serait agréable de prendre le temps d’en goûter confortablement le contenu. Les guides touristiques apportent couleur et gaîté sur plusieurs rangées, font rêver, les dictionnaires de langues qu’on ne pratique plus ou peu sont vestiges indéracinables et cohabitent avec ces manuels dont on ne peut se défaire parce que leurs annotations racontent les précieux moments de la vie lycéenne et estudiantine. Les romans plus récents verticalement serrés sont rassemblés, par auteurs parfois, parfois rapprochés par analogies irrationnelles : la provenance du livre-cadeau, l’époque ou lieu de l’achat, le propos que l’ouvrage a suscité en comparaison avec tel autre, conversation d’un soir, succès d’un festival, et ainsi c’est un cheminement de la pensée qui s’inscrit dans les rayonnages. Et bientôt ce sont des petits tas par-ci par là qui obstruent l’alignement et créent quelques fantaisies du moment. Quant aux BD, elles sont récompenses à extraire de gros tiroirs, et ça c’est à revoir.