En réponse à notre appel à écriture, « Classer / reclasser les livres de ma bibliothèque», voici un texte et une photo de Isabelle Huault
Aux fenêtres et aux balcons, derrière les barreaux, dans les cours et les jardins, la tête des gens levée vers le ciel, les yeux des gens scrutent le ciel, les lèvres des gens sourient au ciel.
Dans le ciel azur et libre de vide silencieux, des pigeons de la race biset voyageur, par envolées de dix ou quinze, saluent à coup d’ailes, embrassent les airs, empressés d’acheminer à son destinataire le baluchon garni du livre choisi, garni de rêve et d’écrits de choses éternelles.
Il serait là le « coulonneux » aux commandes du routage, dans le colombier remarqué, ô surprise, sous le lierre grimpant, au gré du kilomètre autorisé autour de la maison.
Ils seraient là nos livres, assis les uns sur les autres près à l’envol. Dans l’attente, Lol V. Stein ravirait l’ivresse de Sagan, L’attrape-cœurs se laisserait attraper par la bonté de Bauchau, et lui, oui, lui, Le Petit Prince bercerait sa tristesse au flux de l’haïku de Santoka.
Dis-moi Petit Prince, toi qui a fait expérience d’évasion et de retour sur ta petite planète, quelle question pourrais-tu envoyer à une grande personne perdue dans ses pensées volatiles au milieu d’un colombier délabré ?
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