En réponse à notre appel à écriture, «Les trésors enfouis de la maison», un texte et une photographie de Françoise Tran-Pellet.
Ma belle-mère vietnamienne
Quand elle cherche ses clefs, ses lunettes, du soir au matin
Plus elle cherche moins elle se sent bien
Elle traque les monstres qui lui cachent ses affaires
De Saint Antoine de Padoue elle n’en n’a que faire
Lorsqu’on lui dit de ne pas s’inquiéter
Et que tout finit par être retrouvé
Son regard change comme si elle était possédée
Ses clefs avec le cordon bleu, son véritable trésor ont encore disparu
Dans la maison elle a mis tout sans dessous dessus
Je l’ai aidée à chercher patiemment dans chaque recoin
Je suis capable de trouver une aiguille dans une botte de foin !
J’ai vidé son sac entièrement je vous l’assure !
Et je l’ai revidé à nouveau et là les clefs sont apparues j’en suis bien sûre !
Quelqu’un nous jouerait-il des tours ?
Et s’il se cachait dans les reflets du jour ?
Pour nous dire de nous concentrer sur le présent ?
De faire du ménage dans notre subconscient ?
Hier ma belle-mère a cuisiné dès l’aube et a ouvert toutes les fenêtres
Et quand la nuit est venue nous avons célébré ses ancêtres
Avant de passer à table elle a allumé 3 bâtons d’encens
Elle s’est mise à prier dans le vent
J’ai découvert qu’elle oublie ensuite de dire à ces êtres chers de repartir
Seraient-ils capables de nous nuire ?
Quand je perdrai quelque chose je sourirai maintenant !
Les ancêtres savent que j’ai découvert leur petit jeu insouciant
Par les esprits ma belle-mère se laisse posséder
Elle ne leur demande jamais de s’en retourner
Il est temps avec mon mari et nos 2 enfants de lever le camp !
Le 31 mars 2020