La 16ème édition du festival Place aux Nouvelles se tiendra les 10 et 11 septembre prochains, à Lauzerte. Chaque année, trois recueils sont sélectionnés pour concourir au Prix Place aux nouvelles. Nous avons interrogé le président de cette manifestation, Hervé Couton sur l’organisation du festival et du prix cette année.
L’Inventoire : Comment le festival sélectionne-t-il les recueils de nouvelles qui concourent au prix ?
Cette année, les auteurs en lice sélectionnés par Arnaud Genon, lauréat de Place aux Nouvelles 2021 avec « Les indices de l’oubli » (Editions La Reine Blanche, 2019), sont :
Ella Balaert avec « Poissons rouges et autres bêtes aussi féroces » (Edition des femmes, 2020) ;
Sara-Ànanda Fleury avec « Western Spaghetti », (Le Quartanier éditeur, 2021)
Yan Lespoux avec « Presqu’îles » (Editions Agullo, 2021).
Quelle est la composition du jury qui attribue le prix ?
Toute personne ayant lu les 3 recueils peut participer au jury qui a lieu le samedi après-midi. Le public du jury comprend des lecteurs du département, mais aussi des amis des organisateurs devenus des fidèles, qui se déplacent à Lauzerte depuis Cahors, Bordeaux, Paris … L’annonce du lauréat est donnée suite à la délibération du jury sur la place des Cornières où a lieu le festival.
Quel est l’esprit de ce festival ? Plutôt festif, engagé, tourné vers les habitants de Lauzerte et de sa région ?
L’esprit du festival est amical, mais aussi militant pour mettre en lumière le texte court (nouvelles, poésie, BD, ouvrages jeunesse), sans renier pour autant d’autres formes littéraires. En effet, les auteurs de nouvelles continuent d’être invités même quand ils publient des romans car il y a une fidélité du festival pour ses auteurs.
Le paysage des éditions indépendantes est donc en pleine mutation depuis quelques années.
En quoi est-ce important qu’un festival de la nouvelle existe encore en France ?
Si la nouvelle est souvent un point de passage obligé des auteurs anglo-saxons pour se lancer dans l’écriture, ce n’est pas le cas en France et cette forme est donc encore sous représentée dans les maisons d’éditions.
Quelle est la particularité de la nouvelle par rapport au roman ?
« La nouvelle, c’est une course au clocher. On va toujours au galop, on ne connaît pas d’obstacle; on traverse le buisson d’épines, on franchit le fossé, on se brise les os, on va tant que va son histoire. » indiquait Jules Janin[1] à propos de la nouvelle littéraire.
On ne peut pas en faire meilleur éloge !
Combien d’auteurs avez-vous invité cette année ?
18 auteurs sont conviés cette année. Des auteurs de nouvelles, de BD et de textes jeunesse. Parmi eux, 8 sont invités pour la première fois.
Invitez-vous aussi des éditeurs de nouvelles ?
Oui, toujours, pour encourager leur engagement. Cette année, 3 maisons d’édition sont représentées : les éditions du Jasmin, La Reine Blanche, et Zonaires.
Parlez-nous d’une nouvelle qui vous a marqué récemment.
Adepte de la forme brève, Danièle Pétrés renoue après plusieurs années avec la publication de ses textes. On se souvient de son brillant « Tu vas me manquer » paru en 2008 chez Denoël, un recueil de nouvelles courtes aussi drôles que sensibles sur la séparation amoureuse. C’est donc un enchantement pour les lecteurs qui pourront juger que « quand les nouvelles sont réussies, c’est plus beau qu’un roman ».
Avez-vous un recueil à nous conseiller en particulier ?
Les défilés du désir, de Françoise Guérin (Zonaires). Dans ce nouveau recueil de courtes nouvelles, Françoise Guérin, invitée d’honneur du festival cette année, évoque l’enfance entre cinq et douze ans. Un âge où tout se joue dans la relation aux autres.
Quelle que soit la nouvelle et dès les premières phrases, on est saisi par les images évoquées, l’affinement progressif des caractères humains choisis, par le rebondissement des scènes décrites ; on est happés ainsi, passionnément par le rythme du récit jusqu’à son dénouement. L’écriture est riche, poétique, sensible, précise, concise et juste. À la lecture de ces nouvelles écrites sans pathos, l’émotion nous envahit souvent. Chacune d’elle nous plonge dans une réflexion au-delà du récit et évoque en nous certaines blessures de l’enfance, persistantes ou surmontées. Ces nouvelles s’adressent à tous, à l’enfant que nous étions, à l’adulte qu’on est devenu ou au parent que l’on est peut être…
Voici tout le programme de ce week-end des 10 et 11 septembre, signatures, tables rondes, ateliers, est à découvrir en cliquant sur le lien : Place aux nouvelles-programme.
[1⌋Ecrivain et critique dramatique français (1804 – 1874)