Treize ans après que sa mère ait écrit son livre de mémoire familiale « De Grenoble à Romans, la saga Junillon-Loire », Yves Loire a voulu poursuivre ce récit par « De Géneration en Génération, la saga Loire ». Retraçant son parcours des années 1970 à 2000, il a suivi l’atelier-formation « Ecrire et éditer son histoire de vie ». Nous avons recueilli son témoignage, pour donner envie à d’autres participants de tenter l’aventure (l’atelier préparatoire d’Aleph-Bayard aura lieu le 13 février).
L’Inventoire : Vous avez été chef d’entreprise, quel a été le déclencheur de votre envie d’écrire votre parcours de vie ?
Yves Loire : C’est enfermé dans ma maison de campagne et coupé de tout, à cause du Covid, que j’ ai voulu mettre de l’ ordre dans mes souvenirs. Homme de rencontres, curieux de tout, j’ai eu la chance d’échanger avec un grand nombre de personnes. Comme « chasseur de têtes « , puis dans la structure spécialisée d’un cabinet de conseil important. J’ai créé en 1987 mon propre cabinet de conseil en recrutement de managers et dirigeants (en France, au niveau européen et parfois américain).
J’ai par ailleurs une vie familiale très riche grâce à mon épouse Michèle. Notre union a lié deux familles nombreuses et entreprenantes, qui ont développé chacune à partir de leurs racines (en proximité géographiques dans la Drôme et l’Isère), deux entreprises dans la grande distribution, et dans le négoce de matériaux en France.
L’Inventoire : Est-ce pour transmettre votre parcours professionnel à votre famille que vous avez entrepris ce travail autobiographique ?
Yves Loire : C’est Sylvie Néron-Bancel qui m’a conseillé devant l’avalanche de la matière professionnelle à ma disposition (3000 interviews de dirigeants et bien plus, de managers), de séparer mes souvenirs familiaux des professionnels. Son conseil a été très judicieux.
Le goût d’écrire m’est vraiment venu à la suite de cet atelier, et 2023 sera en partie consacrée à la rédaction de « Rencontres » ! Et déjà je pense à un troisième livre : »Voyages « … Avec Michèle, souvent en groupe, nous avons visité 40 pays …
Mon cabinet a travaillé plusieurs années pour Michelin Cartes et Guides pour recruter des inspecteurs du Guide Rouge (ces professionnels gourmets, discrets et craints). A la maison j’ai les traces de certains livres dont le tout premier guide rouge.
Depuis 15 ans, je suis un retraité actif, sénateur et ancien président de la Jeune Chambre Economique de Lyon [1]. Depuis 1996, je suis membre du Rotary Club de Lyon.[2]
Pour vivre avec passion mais aussi sérénité cette dispersion des intérêts, il faut bénéficier de solides valeurs éthiques. Celles de la Jeune Chambre Internationale dans son Crédo, celles du Rotary par sa devise « Servir ». Les valeurs de ma famille, identifiées par mes enfants à la lecture de mon premier livre, sont du même ordre : « Liberté et responsabilité ». Mon ancrage supérieur est ma foi catholique, celle toute compacte et forte de croire dans le Dieu d’Amour. Depuis plus de 30 ans, je suis membre actif des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens EDC[3].
L’Inventoire : Aviez-vous suivi des ateliers d’écriture avant celui-ci ?
Je ne savais pas qu’il existait des ateliers d’écriture. Je l’ai découvert grâce à l’annonce dans La Croix. J’avais commencé à écrire de moi-même ; mais vite le travail s’est avéré très laborieux, avec des difficultés de sommeil qui m’ avaient décidé à tout arrêter.
Tout homme est une histoire sacrée
L’Inventoire : L’atelier-formation est composé de modules abordant des angles différents du récit biographique. Quel module vous a permis de trouver le fil pour déployer votre histoire ?
Yves Loire : Je ne me souviens pas d’un module particulier pour trouver le fil. J’ai adopté pour mon métier la formule » Tout homme est une histoire sacrée « , d’ailleurs empruntée à un confrère que j’estimais beaucoup. J’avais décidé de ne pas faire qu’un travail autobiographique, où je serai le seul témoin, mais d’y associer mes deux sœurs vivantes, alors que mes deux frères sont partis. Le fil, à plusieurs, n’a été trouvé qu’à la fin, les valeurs de notre, puis nos familles, actuellement 50 membres.
L’Inventoire : Avez-vous cherché des témoins ou des traces matérielles qui auraient éclairé votre parcours : collègues, lettres ou albums familiaux ?
Yves Loire : J’ai voulu travailler seul pour avoir le maximum de liberté. J’ai la chance d’avoir une excellente mémoire et ai même été surpris que certaines situations me reviennent avec le détail des lieux, du moment et les interlocuteurs. J’ai soumis les projets relatifs formalisés par autant de chapitres à mes deux sœurs et deux familles cousines. Je n’ai eu que deux ou trois phrases ou termes changés, et le livre distribué au final a été bien reçu.
L’Inventoire : Que vous ont apporté les propositions d’écriture et l’écoute du groupe formé par les participants pour travailler à votre récit ?
Yves Loire : Il comportait trois personnes partageant la même volonté d’écrire leur histoire ou un moment de celle-ci. Nous venions de trois univers différents mais il y a toujours eu de l’écoute, du respect, aucun jugement, même si parfois le souvenir d’un d’entre nous était très lourd. Et effectivement chacun, même moi, à qui de nombreuses fois a été dit » Mais vous ne pleurez jamais », en est presque arrivé là.
L’Inventoire : Quelle a été la réception de ce livre par votre entourage ?
Yves Loire : Le livre vient d’être distribué à Noël à cinquante membres de ma famille et à une dizaine de très proches, les membres de mon équipe EDC, quelques rotariens…
Pour le moment je n’ai qu’une dizaine de retours, tous favorables, très respectueux de la part de mes 3 enfants qui en ont apprécié le fond et ont bien compris qu’il s’agissait d’un livre de transmission à nos 6 petits-enfants et à leurs 14 cousins de la même génération. J’attends les retours de ces derniers, sachant que le livre compte 140 pages, et ce ne sont pas des bandes dessinées !
L’Inventoire : Puis-je vous demander de livrer au lecteur la première phrase de votre livre ?
Yves Loire : « Je suis en train de finir de rédiger le livre que vous avez en main ».
Mais, pour faire rêver, je préfère celle du premier chapitre : » La villa Massilia, c’est notre grande maison familiale de Romans « .
L’Inventoire : Le meilleur souvenir de cette formation ?
Yves Loire : Je n’ai pas de meilleur souvenir, mais plutôt un souvenir global de confiance entre nous. Je crois que traversant, à cause du Coronavirus, puis généralement les craintes écologiques qui se sont transformées en obstacle, et à d’autres tensions économiques et sociales, un moment coupés du monde, beaucoup (dont nous), avons eu besoin de nous consolider sur nos racines, à découvrir et redécouvrir.
Encore merci à Sylvie !
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[1] nommé sénateur à vie dans le réseau des 434 sénateurs français, et 80 000 sénateurs dans 100 pays du monde.
[3] 350 membres en région lyonnaise et 3500 en France. Dans ma section j’ai pu intervenir en tant que représentant des EDC dans l’ Association Lyonnaise d’ Éthique Économique et Sociale ALEES, dans laquelle nous avons créé depuis 3 ans « Seniors actifs dans la Cité ». Nous avons travaillé notamment sur la prise en compte de l’écologie et ce, entre 2000 et 2005. Actuellement mon équipe EDC est très engagée dans le synode surtout au niveau du diocèse de Lyon et au niveau national, l’ un de nos membres étant le représentant des EDC dans Promesses d’ Église qui rassemble 50 mouvements de l’ Église poussant à un important apport de l’ ECF , Évêques Catholiques de France au synode mondial.