Joëlle Vittone a participé à de nombreux ateliers d’écriture Aleph (à Lyon), avant que le confinement ne la place devant la nécessité d’écrire « Pas même le genêt », son roman auto-publié par Librinova et a de très belles critiques. Joëlle Vittone a souvent été publiée dans l’atelier ouvert de L’Inventoire, et nous avons hâte de découvrir son roman ! Sylvie Neron-Bancel revient sur sa genèse.
Sylvie Neron-Bancel : Qu’est-ce qui a déclenché l’écriture de ce roman ? Un événement particulier dans votre vie ?
Joëlle Vittone : J’ai concrétisé l’écriture de ce roman à l’occasion d’une reconversion professionnelle. J’étais arrivée à un tournant de ma carrière, j’ai eu la chance de pouvoir me poser et de me demander ce que j’avais envie de faire à ce moment-là. Quelles formations ? Quels domaines ? La langue, les mots ont été une évidence.
J’ai cherché dans plusieurs directions et puis j’ai eu l’occasion de suivre un premier atelier chez Aleph à Lyon, qui m’a convaincue que j’avais envie d’écrire plus que tout. Par-dessus cette occasion est arrivée la période du confinement qui m’a donné du temps totalement inattendu et m’a permis de me consacrer encore davantage à ce projet d’écrire.
Quel est le sujet de ce roman ?
Ce roman raconte l’importance des lieux dans notre vie. Des lieux où l’on habite, où l’on passe quelque temps. Il raconte aussi les liens, les relations aux lieux au-delà du temps et de la géographie.
J’ai été inspirée par l’histoire d’une maison réelle, qui m’avait fait cet effet, il y a plusieurs années. Une sensation que cette maison avait des choses à raconter. Je m’étais dit que ce serait un beau sujet de roman. Il fallait que je tienne la promesse que je m’étais faite à moi-même. Certains faits réels m’ont inspirée pour donner corps à cette histoire.
C’est un roman choral. Vous donnez la parole à la maison ? Ce choix s’est-il imposé à vous dès le départ ?
Je parle d’une maison particulière, qui a une âme, une personnalité. Le choix s’est imposé assez rapidement. J’ai été confortée également dans cette décision par les écrivantes avec qui je travaillais à ce moment-là de la création. Faire parler une maison permet de connaître ou plutôt d’imaginer dans le détail les secrets, les non-dits. Ce parti pris m’a donné une grande liberté de ton et d’expression. J’ai dû aussi étudier en détail le caractère de cette maison. Car pour la faire parler, il faut aussi la comprendre comme un personnage. C’était une partie assez drôle finalement de lui assigner un caractère.
J’ai voulu également laisser la parole à une personne en tant que telle. Pour que ce ne soit pas complètement hors sol, pour que ce soit plus connectée à nos existences. Mon propos est encore une fois de partager l’influence majeure des lieux sur nos vies. Je voulais parler du point de vue d’une femme qui y habite, et qui va en quelque sorte l’apprivoiser.
Est-ce que la structure a été facile à trouver ?
Relativement. Une fois que j’ai eu décidé de faire parler la maison et la dernière habitante. J’ai tenté aussi d’alterner les points de vue. Cela m’a conduite à écrire des chapitres plutôt courts. L’organisation des chapitres, leur succession ont été l’objet de plusieurs essais et changements avant d’arriver au résultat final.
Grâce aux encouragements et aux retours de l’animatrice, via le module « Poursuivre son chantier d’écriture », mon projet a pu aboutir.
Vous avez fait partie d’un atelier d’écriture pendant plusieurs années à Lyon ? Que veniez-vous chercher ?
Je venais y chercher le plaisir de m’autoriser à écrire. J’ai été comblée.
Ces ateliers Aleph m’ont également permis de belles rencontres, participants ou animateurs. D’avoir un intérêt en commun facilite les relations sur le long terme. Je continue à échanger avec plusieurs personnes croisées lors de ces ateliers.
J’ai eu la chance immense de rencontrer un groupe d’écrivantes, plutôt motivées, et décidées à explorer les différentes possibilités offertes par l’écriture. Nous avons suivi ensemble tout le cursus, celui qui va du module 1 au module 6.
Depuis, vous continuez toujours d’écrire ensemble ?
Oui ! Nous avons créé un groupe très dynamique. Nous nous connaissons bien, nous sommes devenues amies. Nous nous voyons régulièrement. Nous avons pu nous organiser plusieurs « résidences » d’écrivantes. Nous nous accordons l’espace d’un week-end pour écrire sur des sujets personnels ou en commun. Nous savons que nous pouvons compter l’une sur l’autre pour travailler nos romans. Un de nos objectifs est que chacune parvienne à être éditée, ou à s’auto-éditer.
Par ailleurs, nous avons constitué notre propre cercle de lectrices. Nous travaillons régulièrement ensemble une fois par mois, en visio pour échanger sur nos productions. Nous y trouvons à la fois la bienveillance qu’un groupe d’amies peut s’accorder et la sensibilité à la forme et au fond qu’un groupe d’écrivantes peut attendre d’un écrit. C’est très inspirant.
Quel rôle joue l’écriture dans votre vie ?
Un rôle primordial. J’écris tous les jours, je veux continuer à écrire des romans et à les publier. J’anime également, dans mon quartier et à mon niveau, des ateliers d’écriture. C’est toujours très gratifiant de voir comment les participants peuvent se découvrir à travers ces ateliers. Je participe à des concours de nouvelles, ou des appels à textes comme ceux de L’Inventoire.
Je continue à participer à d’autres ateliers d’écriture, organisés par Aleph, ou pas. Je lis encore plus qu’il y a quelques années. En cherchant des auteurs ou des genres nouveaux pour moi.
L’écriture est désormais une partie intégrante de ma vie et je veux faire en sorte qu’elle le reste.
S.N-B
Joëlle Vittone, Pas même le genêt, éd. Librivova
Sylvie Neron-Bancel conduit des formations à l’écriture littéraire pour Aleph, des stages Écrire en marchant, Carnets de bord de mer. Elle aime trouver les pépites dans les textes d’écrivants, encourager, accompagner chacun à aller au bout de son désir d’écrire et transmettre son histoire.
Du 18 mars au 15 octobre 2024 en présentiel, elle animera le programme partenaire de Bayard (Le Pelerin, La Croix) : « Ecrire et éditer son histoire de vie »
Les prochains stages de Sylvie Neron-Bancel : « Écrire sur le Chemin de Compostelle«