Dans le cadre d’un partenariat avec trois magazines : La Croix, Notre Temps et Le Pèlerin, Aleph-Écriture propose un cycle autour de l’autobiographie « J’écris sur ma vie ». Renée Combal-Weiss animera à Paris « Portraits de famille » du 15 au 16 mai 2023. Elle a répondu à nos questions autour du récit de vie.
L’Inventoire : Vous animez un stage faisant partie du nouveau cycle « J’écris sur ma vie ». Qu’est-ce qu’un « portrait de famille » pour vous ?
Renée Combal-Weiss : « Portraits de famille », ça ouvre de multiples options. Une succession de portraits individuels des membres d’une même famille, dans une ou plusieurs générations. Ou une « conversation piece », ce tableau de la peinture anglaise du 18ème siècle qui figure la réunion des membres d’une famille en train de poursuivre une conversation, avec ce qui transparait des rapports entre les différents protagonistes. Ou encore le portrait d’une personne emblématique de la singularité d’une famille …
Une « conversation piece », ce tableau de la peinture anglaise du 18ème siècle qui figure la réunion des membres d’une famille en train de poursuivre une conversation, avec ce qui transparait des rapports entre les différents protagonistes
Un portrait de famille est-il comme un roman des origines ? Dessine-t-il des branches qui peuvent nous permettre d’aller où bon nous semble dans l’écriture ensuite ?
L’écriture est le lieu de l’absolue liberté d’expression. Le genre de l’autofiction en témoigne. La publication de l’écrit, en revanche, n’impose-t-elle pas le respect de la vie privée des personnes convoquées par l’écriture lorsqu’elles sont vivantes ? Rappelez-vous la mésaventure d’Emmanuel Carrère avec son ex-femme à la publication de Yoga. Inversement, si Camille Kouchner (et bien d’autres femmes) avaient respecté cette obligation, un levier puissant manquerait dans le combat contre le tabou de l’inceste, sujet familial s’il en est.
Quant aux origines, elles sont un fondement de la transmission. Autant et sans doute plus qu’avec les liens du sang, la famille est aux prises avec ceux de la transmission, et son impact sur l’identité.
En quoi un portrait de famille est-il en fait un autoportrait ?
Tout ce qu’un écrivain produit comporte une part d’autoportrait ! La même famille ne sera pas restituée de la même façon par chacun de ses protagonistes, ni même par un auteur extérieur. Il y aura dans la composition même du portrait, dans la hiérarchie des enjeux et du système narratif une singularité qui reflétera la façon dont l’auteur est lui-même pris dans ce roman familial, qu’il en soit membre ou pas.
Quel écrivain a pour vous bien traité de la famille ?
Roger Martin du Gard (Les Thibault) ou Thomas Mann (Les Buddenbrook).
Dans l’approche contemporaine, Alex Marzano-Lesnevitch a accompli une exceptionnelle performance avec « l’Empreinte ».
DP
Renée Combal-Weiss
Journaliste, professeure de lettres, définit ainsi sa philosophie de l’animation d’atelier d’écriture « Des mots de gueule, des mots de sinople, des mots d’azur, des mots de sable, des mots dorés, rouges, verts, bleus, noirs et or… comme les paroles gelées de Rabelais, l’écriture baigne notre vie et attend que nos émotions la réchauffent. Dans le creuset de l’atelier, l’animateur accompagne son éclosion et ouvre l’accès à son universalité. »
Photo de couverture: Look Mother, 1958 © The Anonymous Project / Courtesy Polka Gallery