« Ne suivez pas où semble mener votre chemin. Allez là où il n’y a pas de chemin, et laissez le passage ». L’artiste place en exergue de l’exposition cette citation de Ralph Waldo Emerson, pour « au souffle de ses traversées, tracer un passage vers l’émotion ».
Artiste invité en résidence avec le Conservatoire du littoral pour Planches Contact à Deauville, Jean-François Spricigo expose jusqu’au 7 janvier 2024 un ensemble de photographies intitulées : « au vent porter la joie ».
Entre récit et pure poésie, le photographe a arpenté l’hiver des côtes normandes, notamment en photographiant les sites protégés qui lui ont été ouverts.
En résultent des images splendides, immenses panoramiques dans l’espace du Petit Bain (établissements des bains de Deauville), et en formats variés, à la galerie du Point de Vue. Exposées en mosaïque, tel un album de voyage, les images racontent la proximité de la nature et des animaux, et leur connivence avec l’Homme.
« Il n’a jamais été question de capturer ou de figer le monde, au contraire, c’est la trépidation, la palpitation d’un instant qui m’interpellent. La nature m’a appris à me réconcilier avec moi-même et les autres. Les animaux ont particulièrement participé à m’apaiser face à ce que je percevais comme des injustices, l’évidence de leur présence et leur ancrage spontané m’ont donné accès à une respiration plus sereine » (Jean-François Spricigo à propos de l’exposition « Sarabande », galerie Camera Obscura, 2022).
Avec plus de cinquante expositions et de résidences de création, à 42 ans, Jean-François Spricigo a déjà une œuvre conséquente, reflet d’un engagement total dans la création. Encouragé à ses débuts par Antoine d’Agata et Anne Biroleau, il expose à 25 ans à la Scène nationale du Parvis à Tarbes en 2004, et développe ensuite parallèlement à la photographie, écriture et films. Il a réalisé des clips pour Dominique A, Jean-Louis Murat et Albin de la Simone (pour la fondation Guerlain, Trois Cinq Friedland).
« Selon moi, le réel est avant tout une fiction à laquelle je suis disposé à croire, dès lors ces photographies ont l’honnêteté des émotions, elles sont subjectives par souci de vérité», Jean-François Spricigo.
Dans son manifeste, l’artiste écrit : « créer comme l’oiseau bat des ailes, pour ne pas tomber ».
Les photographies de Jean-François Spricigo ont la force des images de Giacomelli et la sensibilité de celles de Sarah Moon. Selon un procédé analogique, l’appareil enregistre différentes étapes d’une réalité à inventer. Un magnifique album paru aux éditions Le Bec en l’air « oraison sauvage » permet d’entrer dans son univers poétique et narratif.
L’exposition qui se tient au Point de Vue, à côté des planches de Deauville, constitue la révélation du festival.
Une beauté manifeste.
Danièle Pétrès
Festival Planches Contact. Deauville, du 21 octobre 2023 au 7 janvier 2024