Issu de l’arte Povera Italien, Guido Paolini expose actuellement à la galerie Marian Goodman ses derniers travaux autour de la figure de l’artiste et de son rapport au récit. Fernando Pessoa, Italo Calvino, Jorge Luis Borges sont convoqués dans un musée imaginaire comme autant d’images qui mettent en jeu, sans pouvoir l’épuiser, celle du démiurge aux prises avec ses créations.
Les figures littéraires trouvent leur place naturelle dans la librairie de la galerie (remplie de trésors poétiques), tandis que ses pièces monumentales figurant le processus de création s’inscrivent dans tout l’espace de la galerie, dans un minimalisme où le corps de l’artiste semble réduit à quelques traits tracés dans l’espace. Les pieds à côté du ciel, le corps au sol, Guido Paolini inscrit la figure de l’artiste en fragments dispersés dans toute la salle pour lire le rébus de son mode d’appréhension du monde. Il est partout et nulle part, puisqu’il est avant tout dans la lecture qu’il fait de son sujet.
Ainsi, les chaussures de fin cuir italien semblent échappées d’une œuvre de Marcel Duchamp, et trois grand triptyques mettent en scène un artiste passe-muraille sorti d’un livre de Marcel Aymé, qui tend vers la disparition. Son œuvre est à chercher dans sa mise en espace, son dispositif prend en compte le regardeur qui arpente l’esprit d’un autre.
Pour Giulio Paolini :
« si l’art est un itinéraire secret, dénué de destination, de lieu, de date», «l’acte d’exposition» est ce moment où les œuvres en présence constituent une narration visuelle, que sont invités à suivre les visiteurs au même titre que l’artiste lui-même », indique le galeriste.
Un univers à mi-chemin entre installation et littérature, qui donne à voir une réflexion sur la création, notamment à travers deux livres qui le traverse :
Raymond Queneau « Cinque esercizi di stile », un livre d’artiste en tirage limité et signé, rend hommage à Exercices de style paru en 1947, « Promemoria » se compose de neuf planches illustrées accompagnées de textes écrits par Paolini.
Chaque image représente une vue intérieure du Château de Rivoli (Castello di Rivoli) dans laquelle Paolini, grâce à des collages photographiques, transpose librement neuf personnalités (Fernando Pessoa, Italo Calvino, Salvador Dalì, Marcel Duchamp etc.), telles neuf apparitions imaginaires venant visiter l’ancienne résidence de la cour de Savoie transformée en musée depuis 1984.
Jusqu’au 11 mai 2019
Galerie Marian Goodman : https://www.mariangoodman.com/exhibitions/giulio-paolini-0. 79 rue du Temple -75003 Paris