Ce texte a été écrit sur une proposition d’écriture de Béatrice Limon à partir de « La ligne de nage » de Julie Otsuka et figure parmi les dix textes sélectionnés.
Marie-Claire Utz
Fragments
Elle n’aimait pas, enfant, être prise en photo. On l’y voit le plus souvent de dos, ou boudant
Elle se souvient parfaitement du pourquoi, un jour, elle ne porta plus que des pantalons
Elle n’a jamais su refaire à l’identique la pâte à tarte croustillante aux petits-suisses de sa mère.
Pas de livres à la maison. Maroussia fut son premier livre emprunté
Elle se souvient avoir cherché « nullipare » dans le dictionnaire.
Elle garde en mémoire le jour où elle chanta seule devant une foule d’enfants et de parents réunis. Elle se demande encore pourquoi on l’avait choisie, elle, si effacée
C’est encore une fille ! C’est un frère qu’elle, aurait voulu pour percer le mystère des garçons
Petite elle s’appliquait toujours à bien faire, juste pour le compliment
Tu es là, tu es revenue ! Elle ne comprit pas, alors, que sa mère l’avait attendue pour mourir
C’est le bleu qu’elle a toujours préféré. Le bleu de toutes les couleurs, de toutes les profondeurs. 1974. L’Amoco Cadiz. Trébeurden. Quinze heures de voyage inoubliable en bus de ville et en chansons.
Elle repense souvent au capharnaüm que laissait derrière elle périodiquement sa mère qui finissait par oublier ce qu’elle cherchait
La Louise, maîtresse femme, fut sa seule grand-mère, mère adoptive de sa propre mère. Une mégère maléfique
Elle continue à se demander quelles sont ses racines. Et bénit ses amis, sa pâte humaine
MC.U