Étienne Deslaumes est romancier et également formateur. Il proposera d’ « Écrire la nostalgie » à Aleph-Écriture du 21 au 24 octobre 2024 à Paris présentiel. Nous l’avons rencontré à cette occasion.
L’Inventoire : Votre stage « Écrire le sentiment » propose de mettre ses pas dans ceux de Proust et de Lampedusa (notamment) pour « travailler l’intensité du souvenir et trouver sa poésie ». Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de ce stage ?
Étienne Deslaumes : Je vais être prosaïque : je suis un nostalgique ! Cela ne signifie pas que j’oppose systématiquement le présent au passé pour donner l’avantage au second, mais plutôt que les images et les émotions du passé m’accompagnent souvent, aussi bien dans ma vie personnelle que comme lecteur ou spectateur.
Dans le roman Le Guépard, Giuseppe Tomasi di Lampedusa saisit le changement d’une époque par cette phrase : « Il faut que tout change, pour que rien ne change ». En quoi la nostalgie est-elle un filtre narratif puissant?
La nostalgie crée, réveille ou entraîne de multiples flux : regret, angoisse, tendresse, amusement, etc. C’est un point de départ qui n’est jamais neutre et qui peut être particulièrement riche.
On est captivé par un livre, le plus souvent parce qu’il nous permet de décrypter des pans inconnus de soi. En quoi la lecture de Proust a-t-elle changé votre regard sur la vie ?
Adolescent, j’avais lu Un amour de Swann, que l’on présente le plus souvent, peut-être à tort, comme l’épisode le plus facile de La Recherche et/ou comme une porte d’entée. De mémoire, je me suis ennuyé. Vingt ans plus tard, j’ai lu La Recherche intégralement et sans interruption. Cela m’a aidé à comprendre que présent, passé et avenir sont indissociables et se fondent en un continuum qui nous échappe au quotidien mais que la plume de Proust met en scène avec subtilité et virtuosité.
Quels types de textes va-t-on écrire pendant votre stage ? Courtes nouvelles, fragments autobiographiques ?
Les propositions d’écriture seront variées, aussi bien sur le fond que sur la forme. Sur le fond, la nostalgie sera abordée sous ses différents aspects, dont certains, j’espère, seront inattendus. Sur la forme, nous alternerons différents modes narratifs; certaines séquences seront rapides, voire lapidaires, alors que d’autres seront fouillées.
DP
Étienne Deslaumes est né en 1962. Après avoir exercé quinze années comme juriste dans de grands groupes, il a développé une activité de formateur indépendant. Son Journal ambigu d’un cadre supérieur (éditions Monsieur Toussaint Louverture en 2012, repris en Pocket en 2014) a été un succès.
« Violence ayant entraîné la mort sans intention de la donner« , son troisième roman, est paru en 2017 (Editions Buchet-Chastel). « Emilien et le souci de définition » (2007) est son premier roman. Etienne Deslaumes vit à Saint-Maur-des-Fossés. En savoir plus sur Etienne Deslaumes ici