Pour ceux qui prolongent l’été en Normandie, découvrir l’exposition dans l’ancien couvent des Franciscaines est un moment de grâce, où passé et présent se superposent. Le Musée Deauvillais consacre actuellement une grande exposition au peintre Kees Van Dongen, qui y séjourna chaque été pendant 50 ans (de 1913 à 1963).
Kees Van Dongen, qualifié de peintre fauve à l’occasion du salon d’automne de Paris en 1905 aux côtés de Matisse et Vlaminck, est connu pour ses portraits de femmes aux yeux bistres cernés de noir. Des danseuses aux femmes de la haute bourgeoisie, elles surgissent de la toile, monumentales, dangereuses peut-être, séductrices, toujours. L’exposition « Deauville me va comme un gant », présente une centaine d’œuvres de l’artiste.
Côté Normandie pourtant, Kees Van Dongen étonne par sa capacité à saisir un paysage en quelques coups de pinceau nerveux. Des estivantes allongées sur la plage, comme prises sur le vif, se voient résumées par le simple V de leurs jambes sous un parasol. Un croquis de femme allongée sur le sable diffère si peu des femmes étendues à quelques mètres de là, qu’on ne peut que constater l’incroyable modernité de son trait. L’exubérance de ses grands formats saisit par la présence vivante de la couleur et la profondeur des regards des femmes portraiturées.
On pense à Chagall, pour la dimension onirique de certains tableaux, à un art qui emprunte aux naïfs quand il peint des chevaux.
Dans une encre d’une femme à l’éventail, on retrouve la patte de l’illustrateur de ses débuts.
L’exposition forme la mosaïque d’une vie dédiée à la peinture et à la fête, et c’est un peu de cette joie de vivre avec laquelle on repart de l’exposition, avant d’aller sur les planches, mesurant l’incroyable travail de sublimation d’un peintre, que de simples scènes de mer et de plage transfigurent.
Danièle Pétrès
Les Franciscaines. Deauville. Jusqu’au 25 septembre 2022