Eliott Erwitt nous a quitté ce 29 novembre à New-York. En hommage à son immense talent, nous re-publions cet article autour de la rétrospective qui lui a été consacrée à Paris cette année.
Eliott Erwitt a traversé le siècle avec pour seule passion, celle du détail. Capturant avec tendresse le récit imprévu d’une scène de la vie quotidienne, ses images ont la force d’un dessin de caricaturiste, et un récit à elles seules. Le Musée Maillol a consacré au photographe une rétrospective magistrale jusqu’au 15 août dernier.
Membre de l’agence Magnum Photos depuis 1954, Eliott Erwitt a traversé le siècle en portant sur ses contemporains un regard plein d’ironie, avec cette attention particulière aux êtres humains et à leur histoire qui rend ses clichés universels.
L’exposition regroupe ses images personnelles en noir et blanc au premier étage, et ses photographies plus commerciales en couleurs au sous-sol. Un remarquable accrochage, des tirages élégants aux formats identiques dégagent un puissant équilibre et la force d’un regard qui est toujours là au bon moment.
Ses photos, déjà classiques, n’ont rien d’intimidant parce qu’elles nous parlent de nous, dans ces moments où nous sommes naturels, absents à notre représentation. Que ce soit les chiens qui ressemblent à leur maître, une photo de Marylin Monroe d’une beauté qui n’a rien cette fois, de théâtral ou de cinématographique, c’est comme si Erwitt photographiait l’essentiel de ce qui nous définit : la surprise, l’absurdité de notre condition, le jeu de la tentative de sérieux qui nous réunit, et l’émotion qui se dégage de cette indicible fragilité. Nous voudrions tellement être sérieux, mais c’est impossible parce que ne nous sommes que des êtres humains qui essayons de vivre des choses intéressantes, et Erwitt ne s’en laisse pas conter. Des images à revoir pour retrouver cette part d’enfance que nous oublions parfois de convoquer.
Danièle Pétrès